Si, au sein de la population française, la consommation de substances est importante à l'âge adulte, c'est parce qu'elle débute très précocement. Voilà pourquoi la consommation de drogues, d'alcool et de tabac par les adolescents constitue un problème majeur de santé publique auquel il faut apporter des réponses prioritaires.
Croyez-moi, la situation chez les jeunes est alarmante. S'agissant des boissons alcoolisées, par exemple, une enquête réalisée en 2022 révèle que 37 % des jeunes de 17 ans ont déjà vécu une alcoolisation ponctuelle importante, ce qui correspond à la consommation de six verres ou plus en une seule occasion. Cette même enquête montre aussi qu'il existe une grande hétérogénéité dans les comportements, selon la situation des jeunes. En effet, la consommation de drogues licites et illicites est nettement plus fréquente chez les jeunes en apprentissage ou sortis du système scolaire que chez ceux scolarisés dans le secondaire. Ainsi, outre l'enjeu de santé publique majeur qu'elle représente, la consommation de drogues chez les jeunes revêt des enjeux sociaux encore plus grands.
L'Académie nationale de médecine elle-même rappelle la vulnérabilité extrême de l'adolescent vis-à-vis des addictions – vulnérabilité qui justifie de mener des actions particulièrement fortes en matière d'information et de prévention. Il revient aux pouvoirs publics de se saisir de cette question, afin de limiter les conséquences des addictions sur les jeunes. Toutefois, force est de constater que la France est un très mauvais élève dans le domaine de l'éducation à la santé et que nous peinons à informer et à prévenir la consommation de drogues et les risques d'addiction. Il conviendrait de créer des programmes d'éducation à la santé obligatoires, de l'école primaire jusqu'à l'université, ou encore de former efficacement les enseignants chargés de cette question, en lien les acteurs du secteur médico-social et les autorités compétentes.
Enfin, le dernier point sur lequel je tenais à appeler l'attention est le financement insuffisant des soins palliatifs en France, particulièrement à l'aube d'une éventuelle légalisation de l'euthanasie. D'après la Cour des comptes, seuls 48 % des besoins estimés en soins palliatifs seraient couverts, alors que leur accès universel suppose une couverture totale. La dépense publique dans ce domaine s'étant élevé à 1,5 milliard d'euros en 2021, une simple extrapolation arithmétique permet d'estimer les besoins de financement à 1,6 milliard d'euros supplémentaires. Eu égard aux 80 millions prévus dans ce PLFSS, il faudrait vingt ans, si nous suivons ce rythme, pour rendre les soins palliatifs accessibles partout et pour tous.
En outre, on estime que les besoins vont progresser dans les années à venir, du fait du vieillissement de la population – le nombre de personnes de plus de 75 ans augmentera d'environ 60 % d'ici à 2050. Or les objectifs d'équipements en lits spécialisés ne sont toujours pas atteints dans six départements métropolitains, en Corse du Sud et dans l'ensemble des départements et régions d'outre-mer.
Les lits en unités de soins palliatifs sont encore moins bien répartis : vingt-deux départements n'en disposent pas et trois autres restent en dessous du seuil d'un lit pour 100 000 habitants. La couverture de tout le territoire devrait devenir un objectif de santé publique, et il faut soutenir le développement des soins palliatifs à domicile. Si la prise en charge palliative en Ehpad est l'un des enjeux pour développer l'accès aux soins palliatifs, le principal obstacle à son développement tient dans l'insuffisante formation des personnels soignants et des personnels non médicaux intervenant en Ehpad. En l'absence d'infirmière dans 80 % de ces Ehpad, l'hospitalisation à domicile pourrait donc être une solution intéressante.
Autrement dit, madame la Première ministre, nous sommes bien loin du compte. C'est pourquoi Les Républicains proposeront ce jeudi une résolution visant à rendre effectifs les soins palliatifs sur tout le territoire national, car c'est un droit fondamental pour nos concitoyens, consacré dans le code de la santé publique.