Nous examinons aujourd'hui une proposition de loi qui a tout de la fausse bonne idée et, s'il y en a de moins graves que d'autres, l'indexation des salaires sur l'inflation en est une particulièrement dangereuse.
En proposant de revenir à une politique économique digne des années 1960, nos collègues de La France insoumise semblent oublier plusieurs paramètres de l'économie dans laquelle nous évoluons aujourd'hui. Tout d'abord, nous ne sommes pas dans une économie administrée. Peut-être le regrettez-vous mais, en 2023, ce n'est pas l'État qui fixe les salaires. Ce sont les entreprises. La réaction de celles-ci à votre mesure entraînerait précisément une spirale inflationniste totalement incontrôlable. C'est pour cette raison que nous avons abandonné l'indexation des salaires sur les prix il y a quarante ans, comme d'ailleurs l'immense majorité des pays européens contrairement à la Belgique.
Vous prévoyez que les salaires du privé augmenteront deux fois par an suivant l'inflation. Mais que provoquera cette mesure automatique ? Dans un premier temps, les entreprises seront contraintes d'absorber l'augmentation des coûts salariaux dans leurs marges – lorsqu'elles le peuvent. Dans un second temps, elles n'auront d'autre choix que de répercuter la hausse des coûts sur leurs prix. La hausse des prix entraînera à son tour une augmentation des salaires, qui générera une nouvelle hausse des prix, et ainsi de suite.
N'oublions pas que la revalorisation du Smic agit comme un plancher et tire à la hausse l'ensemble des salaires lors des négociations salariales annuelles. Ces accords engendrent d'ailleurs une hausse plus importante pour les salariés les moins rémunérés.
La place des services étant en 2023 beaucoup plus grande dans notre économie que dans les années 1960 ou 1980, les effets de votre proposition seraient particulièrement dévastateurs. De plus, si nous étions le seul pays européen, ou presque, à indexer les salaires, la compétitivité des entreprises françaises serait durement dégradée avec des effets particulièrement dramatiques sur l'emploi.
Le groupe Démocrate votera donc contre cette proposition de loi.