Protéger le pouvoir d'achat des Français est une impérieuse nécessité. Le Gouvernement et la majorité présidentielle l'ont fait, ces derniers mois et ces dernières années, avec des moyens inédits. La proposition que vous nous faites ne répond pas à cette exigence. Elle est anachronique, inefficace et dangereuse.
Elle est anachronique, car l'indexation des salaires a existé : introduite en 1952 par Antoine Pinay, elle a été, au tournant des années 1970, à l'origine de l'apparition du chômage de masse dans notre pays, en déconnectant le niveau des salaires de la productivité des entreprises. C'est pour cela qu'elle a été abandonnée en 1983.
Elle est inefficace au regard de son objectif consistant à maintenir le pouvoir d'achat. Concrètement, elle risque en effet d'avoir pour conséquence une spirale inflationniste : les prix augmentant, les revendications salariales croissent ; les salaires augmentant, les entreprises répercutent l'augmentation des coûts de production sur leurs prix. C'est documenté dans un certain nombre de pays.
Vous considérez le cas belge avec une focale très étroite car l'augmentation des salaires en Belgique est très récente. Si l'on élargit la focale, on constate qu'en réalité le pouvoir d'achat en France a davantage progressé ces vingt dernières années qu'en Belgique.
Enfin, cette proposition serait dangereuse car elle déconnecterait le niveau du coût du travail de la productivité des entreprises et détruirait beaucoup d'emplois.
Ce n'est pas une solution magique. La majorité préférera toujours la négociation et le dialogue social, dans les branches et dans les entreprises, afin de maintenir le pouvoir d'achat des Français. C'est la raison pour laquelle nous voterons contre cette proposition de loi.