Sur la forme, je regrette que l'on propose de supprimer un article qui répond à un engagement européen. Ensuite, la trajectoire inscrite dans le texte ne vise pas seulement à répondre à cet engagement : elle est aussi essentielle au bon déploiement de nos politiques publiques. Nos acteurs publics, nos ministères ont besoin de visibilité pour prévoir leurs investissements, en matière d'innovations… Se projeter, c'est aussi donner de la visibilité à nos concitoyens et à ceux qui investissent.
J'en viens au fond. Nous entendrons tout à l'heure nos collègues de droite nous dire que, loin de toute austérité, ce budget est au contraire très dépensier. Franchement, on ne peut pas parler d'austérité quand le déficit prévu pour 2023 s'établit à 5 % du PIB – soit 155 milliards d'euros ! Cela ne tient pas la route une demi-seconde ! Ce n'est pas une trajectoire d'austérité que nous prévoyons. Nous essayons de trouver l'équilibre le plus précis possible pour les cinq prochaines années afin d'atteindre un déficit de 2,8 % en 2027. Cela nous permettra de nous désendetter et de ne pas laisser aux générations suivantes le poids d'une dette beaucoup trop lourde. Nous le faisons le plus doucement possible, si je puis m'exprimer ainsi, car nous souhaitons éviter le choc qui s'était produit en 2008-2009 lorsque le Gouvernement avait essayé, peut-être trop brutalement, de réajuster le déficit après la crise. Ce n'est pas ce que nous souhaitons faire : nous assumons d'avoir aujourd'hui des dépenses exceptionnelles, parce que c'est la crise, et un déficit encore assez important. Ce budget n'est en aucune manière un budget d'austérité. Avis défavorable.