Nous connaissions depuis quelque temps le Gouvernement cabinet de conseil en communication, voilà que nous assistons à sa mutation en cabinet comptable : en témoigne sa politique de l'emploi et du salarié jetables et interchangeables. Pourtant, les Français qui travaillent ne sont pas des statistiques dans un tableau Excel ; ce sont des gens qui vivent – ou plutôt, qui survivent – avec des préoccupations concrètes : un frigo à remplir, des enfants à élever, des passions à faire vivre, tout cela, en étant implantés dans un territoire. Ce sont des individus dont l'existence ne peut se réduire à des flux ou à des stocks numérisés.
Le présent projet de loi ne contient aucune mesure permettant de ramener durablement les 5,4 millions de chômeurs vers l'emploi. Votre réforme de l'assurance chômage, qui vise uniquement à culpabiliser les chômeurs, porte un nouveau coup de rabot au système de protection sociale. Nul n'a besoin d'une boule de cristal pour affirmer que ce n'est pas en durcissant les règles d'indemnisation qu'on ramènera les chômeurs sur le chemin du travail ! Mais peut-être qu'à défaut d'indemnités, vous préféreriez leur fournir un scooter pour livrer des repas contre un salaire de misère – ou plutôt un vélo, tant il est difficile de trouver une station-service ouverte dans la septième puissance mondiale.
Vous préférez sanctionner les demandeurs qui ne trouvent pas d'emploi, plutôt que de répondre à la crise des vocations qui frappe le marché du travail. Dans votre fuite en avant vers une ubérisation accrue, vous ne créez pas de l'emploi, mais de l'instabilité. L'ubérisation du marché du travail est un véritable fléau social. Quand M. Bruno Le Maire se gargarise de la création d'un million d'entreprises en 2021, il oublie de dire que la moitié d'entre elles sont des autoentreprises.
Votre politique a provoqué l'effondrement de la productivité de notre économie et fragilisé notre modèle social. Pour regagner en productivité, il faut au contraire valoriser les métiers, reconnaître leur utilité et assurer leur stabilité. Huit Français sur dix considèrent qu'il est justifié de demander une augmentation immédiate et générale des salaires. Que proposez-vous en ce sens, monsieur le ministre ? Rien. Pourtant, les dépenses contraintes augmentent et les produits de la vie quotidienne suivent une inflation galopante, au point d'étouffer nos compatriotes.
Dans un contexte de déclassement généralisé, nous devons agir d'urgence, en priorité sur les revenus, afin de rendre attractives de nombreuses professions. Le premier frein à l'augmentation des salaires réside dans le coût qu'il représente pour les nombreuses très petites, petites et moyennes entreprises qui offrent l'essentiel des emplois en France. Nous proposons donc une exonération des cotisations patronales sur les augmentations de 10 % des salaires, pour tous les salaires jusqu'à trois fois le SMIC.
Parlons maintenant priorité nationale. L'immigration est la « chair à bosser » des capitalistes avides – personne n'est dupe. Chers collègues de l'extrême gauche NUPES, vous devriez avoir honte de tolérer une situation aussi déshumanisante pour les travailleurs étrangers, qui acceptent d'être sous-payés là où nous considérons qu'ils seraient utiles au développement économique de leurs pays d'origine.