Un Français sur deux se prive occasionnellement ou régulièrement d'un repas. Alors que nous subissons toujours une forte inflation, en particulier sur les denrées alimentaires, il nous semble essentiel de permettre aux Françaises et aux Français de payer une partie de leurs dépenses alimentaires avec des titres-restaurant. Nous soutiendrons donc la prolongation de leur utilisation pour les courses alimentaires.
Nous plaiderons pour une prorogation plus longue, au moins deux ans. Tout laisse à penser que l'inflation ne s'arrêtera pas dans les douze mois à venir. Elle ralentit, mais les prix vont continuer à augmenter.
Nous nous inquiétons de la procédure d'examen de ce texte, au demeurant symptomatique de votre manière de gérer les crises. Considérez-vous comme normal qu'un texte soit présenté en moins d'une semaine, avec un délai de dépôt des amendements qui se compte en heures, avec une consultation minimale de la société civile ? C'est loin d'être la première fois, malheureusement, que vous légiférez ainsi au doigt mouillé sur des sujets qui ont pourtant des conséquences très concrètes sur la vie quotidienne.
Vous ne vous attaquez pas aux problèmes structurels du modèle agricole et du système alimentaire, construits sur une doctrine libérale au cours des soixante dernières années. Après la modification des échéances des négociations commerciales, il est urgent de construire une réflexion sur l'accès équitable à une alimentation saine et durable, abordable, de qualité, qui rémunère justement les agricultrices et les agriculteurs tout en respectant l'eau, l'air, les sols et le vivant – et cela ne doit pas concerner seulement les salariés, mais aussi les chômeurs et les étudiants. Les écologistes, avec de nombreuses organisations, réfléchissent depuis longtemps à une sécurité sociale de l'alimentation : il serait plus que temps de vous saisir de ces idées.
Enfin, le télétravail bouscule le dispositif des titres-restaurant. Il faut intégrer cette donnée nouvelle à la réflexion.
Le groupe Écologiste votera cette proposition de loi. Mais nous appelons à nouveau le Gouvernement et la majorité à se saisir, de façon urgente, de la question de l'accès à l'alimentation, grande oubliée des politiques publiques. Nous observons une véritable ségrégation alimentaire dans la société française. Il est temps d'y remédier !