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Intervention de Virginie Brun

Réunion du mardi 24 octobre 2023 à 14h00
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Virginie Brun, cheffe de projet Dephy Écophyto, responsable de la cellule d'animation nationale :

Je vous remercie pour cette opportunité que vous nous donnez de vous présenter les enseignements du réseau Dephy. Je vais vous présenter quelques informations générales sur le réseau Dephy, sa construction et ses principaux enseignements. Mes collègues pourront ensuite développer certains aspects, selon vos questions.

Le réseau Dephy est une des actions phares du plan Écophyto, conçu dès le départ comme un dispositif d'accompagnement des agriculteurs vers la réduction de l'usage des produits phytosanitaires et de création de références et de connaissances sur les systèmes agricoles à bas niveau d'intrants phytopharmaceutiques.

Ce double objectif fondateur constitue le marqueur du réseau et reste toujours d'actualité, après treize ans d'existence. Il a permis la production d'une masse considérable de connaissances et de ressources sur les systèmes économes en produits phytosanitaires et sur les trajectoires de changement des agriculteurs.

Je souhaiterais tout d'abord revenir sur la construction de ce dispositif, qui reste un cas unique en Europe. Après une première phase test lancée en 2010 dans le sillage des recommandations issues du rapport Écophyto R&D, pilotée par l'Inrae, le dispositif a connu plusieurs évolutions, la dernière en date remontant à 2021. À son lancement, ce programme visait à démontrer que la réduction de l'usage des produits phytosanitaires était possible, et à suivre les évolutions de pratiques dans le temps, avec un objectif d'évaluation et d'objectivation des changements observés. Pour ce faire, des groupes d'agriculteurs volontaires ont été constitués. Ils étaient appuyés dans leur projet de réduction de l'usage des produits phytosanitaires par un conseiller agricole financé à mi-temps dans le cadre du plan Écophyto, appelé « ingénieur réseau ». Ce dernier était chargé d'assurer à la fois du conseil individuel et de l'accompagnement collectif.

Lancée avec une vingtaine de groupes, la phase test a permis de poser les bases de cette méthodologie, qui allie accompagnement individuel – pour renforcer l'autonomie décisionnelle des agriculteurs dans leur choix technique – et accompagnement collectif – pour favoriser la confrontation et les échanges entre pairs. À l'issue de cette première expérience concluante, une cellule d'animation nationale (CAN) a été mise en place et accueillie à Chambres d'agriculture France pour assurer le pilotage opérationnel et la gestion administrative du dispositif, dans le cadre d'une organisation multipartenariale déployée à différents échelons territoriaux.

Un premier appel à candidatures a été lancé en 2011. Il a permis de sélectionner environ 1 200 fermes volontaires. Un second appel à candidatures a été lancé deux ans plus tard, en vue de porter le nombre de fermes volontaires à 1 800, tout en ouvrant le réseau à l'ensemble des filières de production végétale : grandes cultures, polyculture-élevage, viticulture, arboriculture, cultures légumières, horticulture et cultures tropicales.

C'est à cette époque que le dispositif d'expérimentation du réseau Dephy a été mis en place, avec le lancement de deux appels à projets successifs. Ces derniers ont permis de sélectionner une quarantaine de projets d'expérimentation visant à tester et évaluer des systèmes de culture encore plus ambitieux dans leur usage des produits phytosanitaires, avec un objectif de réduction de 50 % de ces substances.

Dans le même temps, le dispositif s'est structuré avec la consolidation d'un pôle d'expertise technique et scientifique au niveau de la cellule d'animation nationale, qui a été confié aux instituts techniques agricoles et à l'Inrae. En outre, un échelon d'animation intermédiaire entre le national et le local a été créé, en cohérence avec la dynamique de régionalisation du plan Écophyto.

C'est également à cette époque qu'Agrosyst, l'outil de collecte et de centralisation des données de suivi des fermes et des expérimentations du réseau Dephy, a été mis en place, sous le pilotage de l'Inrae. Un travail important a alors été conduit par le réseau, notamment par la cellule d'animation nationale, pour organiser la remontée et la consolidation des données agronomiques des fermes Dephy dans cet outil.

Les premiers retours de terrain et les premières analyses mettent en avant des résultats prometteurs quant à la capacité des fermes françaises à réduire fortement leurs usages de produits phytosanitaires, dans tous les contextes de production. Le réseau Dephy a rapidement montré que la réduction forte des produits phytosanitaires passe nécessairement par la reconception des systèmes. Autrement dit, il ne suffit pas de jouer sur des leviers d'efficience tels que l'optimisation des traitements phytosanitaires, mais bien de repenser le système dans sa globalité et d'actionner différents leviers pour parvenir à réduire significativement ces substances : allongement de la rotation, diversification des cultures, désherbage mécanique, utilisation de produits de biocontrôle, etc. Cet enseignement majeur du réseau Dephy vient confirmer ce qui avait été mis en avant par des études précédentes, notamment par le rapport Écophyto R&D.

Le réseau Dephy montre également que cette réduction s'opère sans dégrader les performances économiques des exploitations ni les capacités productives de la France. La thèse de doctorat de Martin Lechenet a ainsi démontré que dans près de 80 % des cas, les fermes Dephy en grandes cultures polyculture-élevage qui avaient réduit leur usage de produits phytosanitaires ne présentaient pas de performances économiques dégradées comparativement aux autres fermes du réseau.

Fort de ces résultats, le réseau a été conforté et positionné comme l'une des actions centrales du nouveau plan Écophyto 2, révisé en 2015 pour mieux répondre à l'enjeu de diffusion et de généralisation des pratiques économes en phytosanitaires. À cette occasion, la démarche Dephy a fait l'objet de plusieurs évolutions notables : l'ouverture du réseau à l'agriculture biologique et à l'enseignement agricole, l'extension du réseau à 3 000 fermes, et enfin son positionnement comme socle de départ pour appuyer le déploiement de l'action des « 30 000 exploitations engagées dans l'agroécologie ».

Au sein de la CAN, l'accent a été placé sur la capitalisation et la dissémination des résultats, avec un travail de production de ressources techniques. La structuration de la base de données du réseau a été un autre chantier de grande ampleur. Elle s'est déroulée en lien avec l'équipe Inrae chargée de l'administration et la maintenance de la base de données. Tous les efforts consentis par l'ensemble des acteurs du réseau Dephy – les agriculteurs, les conseillers animateurs, les expérimentateurs, les experts nationaux et nos partenaires Agrosyst – ont permis au réseau de contribuer efficacement à différents travaux de recherche. Je citerai notamment les travaux pilotés par l'Inrae sur les alternatives au glyphosate, dans lesquels l'expertise terrain du réseau Dephy et sa base de données ont pu être mises à profit.

Toutes ces actions ont permis de valider la preuve de concept proposée par le réseau Dephy : le dispositif a pu montrer par l'exemple que la réduction de l'usage des produits phytosanitaires est possible, grâce à des réductions alternatives basées sur la combinaison de leviers. Elles ont aussi permis d'objectiver ces résultats par la production d'analyses à partir des données collectées sur les fermes du réseau. Le réseau vise à la fois la démonstration et la production de références et ces deux axes sont interdépendants. En effet, la démonstration doit s'appuyer sur des références solides pour être crédible et convaincante. Réciproquement, les références seules ne sont pas suffisantes pour alimenter les actions d'animation, de conseil et de formation des conseillers et agriculteurs.

La dernière évolution du réseau Dephy a eu lieu en 2021, avec une révision à la baisse du dimensionnement du réseau Ferme pour revenir au niveau de 2015, soit 2 000 fermes. Cette diminution s'est opérée avec un double objectif : améliorer les performances du réseau, d'une part, et renforcer la contribution du réseau aux enjeux de transfert et de massification, d'autre part. Le niveau d'ambition des groupes de ferme a été relevé, ce qui s'est traduit par une augmentation assez forte du nombre de fermes en agriculture biologique ou portant un projet de conversion en agriculture biologique.

Si cette évolution a permis d'asseoir définitivement le réseau Dephy comme un réseau de fermes de démonstration plutôt exemplaire sur la réduction de l'usage des produits phytosanitaires, elle a probablement nui à sa représentativité. Le réseau a peut-être eu tendance à s'éloigner des pratiques standards observées en agriculture conventionnelle.

Il est à noter que ce renouvellement s'est déroulé au moment de l'entrée en vigueur de la loi de séparation entre les activités de vente et de conseil sur les produits phytopharmaceutiques. Pour le réseau Dephy, cette loi s'est traduite par la sortie d'une quarantaine de groupes jusqu'alors animés par des coopératives et négoces. Ces groupes avaient en effet fait le choix de la vente et se retrouvaient donc inéligibles à l'animation d'un groupe Écophyto.

Quant à Expé, le réseau d'expérimentation de Dephy, après deux vagues d'expérimentation lancées en 2012 puis en 2018, il s'apprête à lancer une troisième vague en 2024. Ces projets d'expérimentation porteront une attention accrue à la transférabilité des systèmes testés sur les exploitations agricoles et prévoiront une ouverture aux enjeux de la durabilité des systèmes agricoles – en particulier au regard du changement climatique et de la gestion quantitative de la ressource en eau.

S'agissant du fonctionnement et des moyens dédiés au dispositif, je tiens à rappeler qu'une des forces de ce réseau réside dans son organisation multipartenariale neutre, sous pilotage direct de l'État. Celle-ci permet aux différents réseaux de recherche et de développement en agriculture d'être représentés et de partager leurs expériences. Les orientations du réseau relèvent ainsi d'un comité stratégique coprésidé par les ministères en charge de l'agriculture et de l'environnement, où siègent les principaux partenaires de la recherche et du développement en agriculture : les chambres d'agriculture, les centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural (Civam), les instituts techniques agricoles, l'Inrae, La Coopération agricole, ainsi que la société civile, représentée par France nature environnement, et l'Office français de la biodiversité (OFB).

Cette organisation multipartenariale est, de manière consensuelle, jugée plutôt efficace. Elle offre l'un des rares espaces d'échange et de dialogue aux différents réseaux de recherche et développement, notamment à travers la CAN. Celle-ci réunit les chambres d'agriculture, l'ACTA et l'Inrae. Cette collaboration multipartenariale neutre est sans conteste une force pour le réseau et pour l'ensemble des acteurs impliqués.

Cette neutralité a toutefois une contrepartie : elle n'a pas toujours su favoriser une appropriation optimale du réseau Dephy et de ses résultats par ses structures porteuses. Le réseau Dephy souffre en effet d'une sous-utilisation de ses productions par les organismes qui le portent et qui en seraient naturellement les premiers et les principaux bénéficiaires, à commencer par les chambres d'agriculture et les instituts techniques.

Pour ce qui est des moyens dédiés au dispositif, le financement du réseau Dephy représente un montant global de 12 millions d'euros par an, inscrits dans la maquette financière annuelle du plan Écophyto voté par l'OFB. Ces 12 millions d'euros sont utilisés de la manière suivante :

 5,7 millions d'euros financent les 180 conseillers agricoles accompagnant les 180 groupes d'agriculteur.

 3,5 millions d'euros financent les 40 projets d'expérimentation du réseau.

 2,4 millions d'euros financent la CAN, l'animation territoriale et les actions d'animation et de communication proposées au niveau national.

 300 000 euros financent le développement et la maintenance de l'outil Agrosyst.

Les moyens humains mobilisés représentent environ 120 équivalents temps plein (ETP), dont une centaine pour l'animation et l'accompagnement sur le terrain et une vingtaine pour la valorisation et la communication sur les actions conduites par le réseau.

La constance de ces financements et de ces moyens humains, malgré un fort turnover au niveau des ingénieurs réseau, a été et reste un gage de stabilité et de réussite du réseau Dephy. Elle est indispensable à sa mission de mise en œuvre et de diffusion des techniques et systèmes économes en phytosanitaires auprès du plus grand nombre. En effet, le changement de pratiques induit par la reconception des systèmes nécessite un changement de paradigme qui demande du temps aux agriculteurs et aux conseillers qui les accompagnent. Pour un agriculteur, il est donc primordial de pouvoir bénéficier d'un accompagnement dans la durée, sur 5 ans minimum, et un accompagnement de qualité avec des conseillers animateurs formés à l'approche système et à l'accompagnement au changement.

Ce temps long est aussi nécessaire pour les activités de diffusion et de dissémination proposées par le réseau. Il faut du temps pour comprendre finement les trajectoires d'évolution des systèmes, les décrire, les caractériser, les évaluer, en étudier les freins et les leviers avant de pouvoir les transposer et les adapter dans d'autres contextes de production.

J'ajouterai que cette nécessité du temps long est indispensable dans un contexte de changement climatique, dont les effets s'intensifient et impactent de plus en plus la performance des systèmes étudiés.

Nous venons de publier une synthèse qui présente les résultats et performances des fermes Dephy dix ans après le lancement du dispositif. Ces analyses ont été réalisées à partir des données collectées sur les fermes du réseau, et compilées dans la base de données Agrosyst. Elles montrent que l'usage de pesticides, mesuré par l'indice de fréquence de traitement (IFT), a été réduit en moyenne de 26 % sur l'ensemble des fermes du réseau, toutes filières confondues, entre leur entrée dans le réseau et la moyenne des années 2018, 2019 et 2020. En résumé, les fermes du réseau Dephy ont atteint l'objectif de réduction des produits phytosanitaires fixé à -25 % à horizon 2020 dans le cadre du plan Écophyto. Dans certaines filières, la diminution avoisine même les -45 %. La réduction est d'autant plus notable que les fermes Dephy présentaient en général des IFT plus bas que la moyenne des autres fermes au moment d'entrer dans le réseau. Leur potentiel de réduction était donc, a priori, plus limité.

Les résultats obtenus sur d'autres indicateurs, notamment technico-économiques, suggèrent par ailleurs que cette baisse n'entraîne pas de dégradation des performances économiques et environnementales. Des indicateurs tels que la marge brute ou les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne manifestent pas d'évolutions antagonistes par rapport à l'IFT.

Ces résultats ont fait l'objet d'une large communication de la part de la CAN, avec quelques retombées dans la presse. Ils seront approfondis à mesure que la base de données Agrosyst sera enrichie de nouveaux indicateurs, et que les données sur les fermes gagneront en qualité et permettront des analyses à une échelle plus large que celle du système de culture. Cet aspect fait partie des limites au transfert des résultats du réseau Dephy.

Le réseau Dephy a également produit une quantité impressionnante de ressources et d'analyses visant à disséminer largement les résultats obtenus, en vue d'inspirer d'autres agriculteurs et d'appuyer les structures de conseil et de développement dans ces démarches d'accompagnement au changement. Ainsi, près de 500 fiches techniques ont été réalisées par les ingénieurs du réseau Dephy. Elles apportent des éléments d'explication et de contextualisation des trajectoires et pratiques remarquables mises en œuvre sur les fermes du réseau. Plus de 200 vidéos et webinaires ont également été créés pour mettre en avant des témoignages d'agriculteurs et d'expérimentateurs du réseau, mais aussi de conseillers et d'animateurs Dephy sur leur propre métier. Les projets d'expérimentation ont également été partagés sous différents formats. En complément, la CAN a réalisé de nombreuses publications techniques à partir des données du réseau. S'y ajoutent les multiples travaux de valorisation par la recherche des informations collectées par le réseau, qui ont été publiés dans des revues scientifiques. Ces travaux sont centrés notamment sur les facteurs techniques permettant la réduction de l'usage des produits phytosanitaires, sur la quantification du potentiel de réduction et sur les impacts sur la productivité et la rentabilité. Ces publications contribuent à la fois à la validation des résultats du réseau et à leur visibilité, notamment à l'international.

Néanmoins, force est de constater que ces efforts de dissémination ne semblent pas avoir permis la généralisation des bonnes pratiques à l'échelle de la ferme France. Ce fait questionne la capacité du réseau à contribuer à l'enjeu de massification. Il est vrai que des critiques sont parfois adressées au réseau Dephy sur son effet d'entraînement limité vers le reste de la ferme France. En substance, le réseau montre qu'il est possible de réduire la dépendance aux produits phytosanitaires, mais la ferme France ne diminue pas sa consommation.

Il faut toutefois veiller à ne pas confondre le réseau Dephy avec le plan Écophyto. Les échecs des plans Écophyto successifs à atteindre les objectifs fixés en matière de réduction et d'impacts des produits phytosanitaires ne signifient pas forcément que le réseau Dephy n'a pas été une réussite.

Pour ce qui est du transfert, les résultats sont difficilement mesurables. Le réseau Dephy a été créé pour mettre en œuvre des usages permettant de réduire l'usage des produits phytosanitaires et documenter les démarches les plus économes en phytosanitaires, dans un objectif de diffusion. Toutefois, cet objectif n'a pas limité l'ambition des fermes Dephy, en considérant par exemple que certains systèmes particulièrement performants seraient difficiles à reproduire à grande échelle.

De ce fait, le réseau n'a pas été conçu comme un dispositif de déploiement de pratiques capables de répondre à l'enjeu de la massification, contrairement à des initiatives telles que le réseau des 30 000 fermes ou les certificats d'économie en produits phytosanitaires (CEPP) mis en place lors de la révision du plan Écophyto, en 2015. La contribution directe du réseau Dephy aux enjeux de transfert et de massification repose vraisemblablement sur la capacité de ses structures porteuses à intégrer le dispositif dans leur stratégie globale d'entreprise et à s'approprier les techniques d'accompagnement déployées dans le réseau Dephy.

Pour terminer, je voudrais vous livrer quelques éléments de perspective. Au moment où le règlement européen SUR est en pleine discussion et où le plan Écophyto est amené à évoluer, le réseau Dephy nous semble tout à fait en mesure d'apporter des connaissances solides et utiles pour accompagner ces nouvelles orientations : à l'échelle de la France, tout d'abord, en contribuant à l'atteinte des objectifs de la future stratégie nationale Écophyto 2030, mais aussi à l'échelle européenne, puisque le réseau Dephy Ferme a inspiré la mise en place d'un réseau de fermes de démonstration à l'échelle européenne (IPMWorks).

La future stratégie nationale Écophyto fera de la préparation et de l'accompagnement au retrait de certaines molécules un sujet central. Sur ce point, le réseau Dephy constitue un outil majeur pour accompagner ces travaux, et doit certainement être repositionné avec une ambition claire de meilleure insertion dans le dispositif de recherche et développement qui sera mobilisé sur le sujet, aux côtés des instituts techniques, de l'Inrae et des filières. Il peut tout à la fois être mobilisé pour identifier les systèmes réussissant à se passer de certaines molécules, les décrire et communiquer sur ce sujet, mais aussi pour objectiver cette expertise technique de terrain en s'appuyant sur les données d'Agrosyst – comme cela a été fait sur le glyphosate.

Il nous semble en effet que l'expertise et les ressources du réseau Dephy pourraient utilement être mises à profit dans le cadre des différents plans d'accompagnement du retrait de certaines molécules. Je pense par exemple au plan national de recherche et d'innovation (PNRI) pour les néonicotinoïdes ou au plan de sortie du phosmet. Nous regrettons que le réseau Dephy n'ait pas été associé directement aux travaux sur ces plans d'accompagnement ni aux task forces filières constituées au printemps dernier pour appuyer les travaux préparatoires de l'axe 1 de la future stratégie nationale Écophyto.

Pour finir, je pense que la principale réussite du réseau Dephy réside dans la démonstration de la possibilité de réduction des produits phytosanitaires dans tous les contextes de production. Elle passe par une reconception des systèmes de culture et une combinaison de différents leviers. Il n'existe pas de recette miracle. Les difficultés à généraliser et massifier les pratiques économes en produits phytosanitaires nous interpellent collectivement, y compris au sein du réseau Dephy, où nous constatons un manque d'adhésion et d'appropriation des résultats par nos propres structures porteuses. Ces défaillances sont multifactorielles et appellent une réponse globale impliquant l'ensemble des acteurs du monde agricole, pour accompagner les transitions agroécologiques de l'agriculture française et européenne, et pour répondre aux objectifs ambitieux qui ont été fixés, auxquels le réseau Dephy souhaite prendre toute sa part.

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