Le nombre de filières intéressant les organismes de recherche internationaux est très restreint. Quant à la recherche française, elle a malheureusement été désarmée. Ainsi, le centre de recherche de Montfavet, qui a réalisé des travaux remarquables sur la tomate, a cessé toutes ses activités sur le développement de variétés nouvelles. C'est pourquoi toutes les variétés utilisées aujourd'hui sur le sol français viennent de l'extérieur. C'est aussi le cas de la châtaigne d'Ardèche, qui est aujourd'hui d'origine asiatique. Ce principe vaut également pour les pêches nectarines comme pour de nombreuses autres productions, conçues pour des marchés plus importants. La même remarque s'applique aux semenciers : certains usages sont trop marginaux pour les intéresser.
Nous avons nous-mêmes un équilibre à trouver entre les différentes productions. Nous répondons au coup par coup aux questions qui se présentent, mais pas forcément dans cet équilibre.
Pour répondre à votre question concernant les CMR 1, je pense que leur disparition complète est tout à fait envisageable. Au niveau européen, ces substances sont peu utilisées. Le ministre a d'ailleurs demandé la suppression de ces produits en HVE. Pour autant, il ne faudrait pas en conclure que tous les pesticides peuvent être éliminés. Ainsi, le cuivre est substance candidate à la substitution au niveau européen, ce qui signifie qu'il est jugé dangereux pour l'environnement. Il faut savoir que la suppression du cuivre entraînerait une réduction de la production en bio d'environ 50 %, comme le montre le cas du Danemark.
Il n'y a donc pas de solution miracle, et l'agriculture bio elle-même n'en est pas une, car elle ne peut se passer des pesticides naturels. La suppression totale des pesticides n'est envisageable que dans les serres fermées, qui sont protégées des prédateurs.
Par ailleurs, nous estimons que les usages doivent être évalués à partir du rapport coûts/bénéfices. Pour rappel, la décision de 2014 résulte d'abord de la volonté de transférer le risque pénal du politique vers un haut fonctionnaire. Il va de soi que personne n'est prêt à assumer la responsabilité d'un risque. L'arbitrage doit être politique, même si les autorités de santé ont leur mot à dire. De notre point de vue, la décision et l'évaluation du rapport coûts/bénéfices sont du ressort du politique.
Enfin, vous soulevez très justement la question de la prise de risques liée à la transition écologique et à la suppression de certaines molécules. Les conséquences de cette transition doivent impérativement être accompagnées par des moyens financiers, non seulement pour les investissements, mais aussi pour la prise de risque.