La visite à laquelle vous faites référence a eu lieu l'an dernier, à la suite de l'analyse de l'air qui avait révélé la présence de 45 pesticides. Ma collègue et moi-même avions effectué une expertise toxicologique mettant en évidence la présence d'un certain nombre de composés cancérigènes et de perturbateurs endocriniens. Nous avions également noté la persistance dans l'air de certaines substances interdites. Cela soulevait un problème plus général d'usage illégal de certains pesticides ou de leur rémanence. On voit que si l'on arrêtait immédiatement d'utiliser des pesticides, la contamination ne disparaîtrait pas pour autant.
Nous avions également apporté de la littérature scientifique qui démontrait que les populations vulnérables, notamment les femmes enceintes, pouvaient être plus sujettes à la toxicité de certaines substances. Nous avions aussi mis en avant le peu de données scientifiques qui existent sur le prosulfocarbe, une dizaine de publications au total, ce qui ne permet pas aux toxicologues de faire un diagnostic. Cependant, des molécules chimiquement proches avaient été interdites, ce qui aurait dû nous inciter à prendre plus de précautions sur le prosulfocarbe. Je crois que l'Anses a bien avancé sur l'examen du risque. L'analyse de leur rapport m'a agréablement surprise. Un autre problème est qu'il n'existe pas de normes réglementaires dans l'air.
D'autres territoires sont contaminés, même si les pesticides ne sont pas toujours les mêmes, et le profil des cocktails pas forcément identique. En l'occurrence, sur votre territoire, il est question d'une quarantaine de molécules et de leur cumul. J'ajoute que les expositions varient en fonction des saisons. Cela peut être parfois déterminant dans les cas de cancer. Chez les femmes enceintes, l'exposition à une substance reprotoxique pendant les trois premiers mois de grossesse peut avoir des conséquences dramatiques. Pour autant, les effets ne sont pas forcément similaires, ce qui fait que la complexité de l'évaluation de l'impact des pesticides assez absolument démentielle. Quoi qu'il en soit, il s'agit de limiter l'exposition des riverains et des agriculteurs, qui sont en première ligne.