La raison d'être de notre association est la protection des cultures. Cette protection a fortement évolué ces dernières années. Nous sommes au cœur du moteur de la transition agroécologique. Nous avons décidé de changer de nom parce que nous voulions incarner ce changement déjà entamé depuis des années par nos différents membres. Nous nous adressons à toutes les sortes d'agricultures, avec le souci constant de protéger les agriculteurs, les riverains et les consommateurs.
Cette évolution se traduit par une approche plurielle, combinatoire, qui se base sur quatre piliers. Le premier est l'agronomie digitale. Nous captons de nombreuses données qui peuvent être intéressantes pour le pilotage de nos cultures. Nous pouvons disposer d'un outil d'aide à la décision qui nous préviendra du développement d'une maladie et qui nous dira s'il faut traiter ou non. Avant, nous traitions de manière préventive ; désormais, nous traitons à la juste dose, au bon moment et au bon endroit. Nous sommes également aidés par les équipements. J'y reviendrai.
Le deuxième pilier est la biotechnologie. Il s'agit d'une boîte à outils très large qui permet d'avoir des plantes de plus en plus intelligentes, à même de se défendre elles-mêmes, et qui permet également d'optimiser l'interaction de la plante et du sol.
Le troisième pilier est la bioprotection, terme qui désigne l'action des produits d'origine naturelle – phéromones, bactéries, virus – qui permettent d'endiguer les attaques de bioagresseurs sur nos différentes cultures.
Le dernier pilier est la phytopharmacie traditionnelle.
La sélection est la promesse d'un rendement. Il faut essayer de défendre cette promesse le plus possible. Le digital nous dit s'il faut traiter ou non, et de quelle façon. Nous entamerons alors des schémas de protection qui passeront par du biocontrôle, des produits de phytopharmacie, en vue de protéger la plante de la meilleure des façons.
La commission souhaite avancer sur la réduction des produits de la phytopharmacie traditionnelle. Il faut rappeler qu'en effet, ces produits ne sont pas anodins. Leur rôle est de réguler des bioagresseurs. Il convient d'être vigilant aux conditions d'usage. Ces produits sont homologués suivant un processus très strict, qui couple le processus européen au processus français, et qui est en constante évolution.
Les produits de protection des cultures sont utiles et bénéfiques. Nous avons tendance à penser que les agriculteurs les utilisent parce qu'il le faut, ou par plaisir. Mais il s'agit pour eux d'une dépense, et ce n'est pas une fin en soi. Le produit est là pour protéger la culture, la récolte, le rendement, et pour fournir de l'alimentation abordable à tout le monde, en quantité et en qualité. Nous avons tendance à l'oublier dans le monde actuel.
Les fermes Dephy montrent clairement qu'il est possible de réduire les produits phytosanitaires. Nous sommes d'accord. Mais il ne faut pas oublier que nous travaillons sur du vivant : toutes les années ne se ressemblent pas. Les bioagresseurs se multiplient plus en fonction du climat que d'autre chose.
À ces considérations s'ajoutent les problématiques de souveraineté alimentaire. La France possède un diamant, qui est son agriculture. Il est très important d'en faire profiter nos concitoyens, mais aussi de considérer la souveraineté à l'échelle européenne.
La dernière dimension à prendre en compte est le dérèglement climatique. L'agriculture peut jouer un certain rôle, mais il lui faut tous les outils pour agir en ce sens.
La recherche en matière de protection des cultures se poursuit. Nos différentes sociétés essaient toujours de trouver des produits à impact plus faible. De nouveaux modes d'action arrivent. Nous ne pouvons pas laisser nos agriculteurs sans solution. L'utilité des produits phytosanitaires et du combinatoire a toute son importance.
Le rôle de Phyteis est d'être à l'écoute du monde agricole, des instituts, des chambres, pour essayer de recenser le plus en amont possible les besoins futurs, afin de réussir le pari du combinatoire dans le futur et de diminuer au maximum l'impact de la production agricole. Ce travail est mené avec les différents acteurs de la profession : syndicats agricoles, distributeurs, chambres, instituts. Nous travaillons sur l'harmonisation des étiquettes. Nous avons été à l'origine d'initiatives portant sur des équipements de protection individuelle. Un nouveau standard de bouchon, permettant de ne plus entrer en contact avec les produits phytosanitaires, va être instauré sur le marché. L'on parle désormais de « pulvérisateurs intelligents », qui combinent le digital et la mécanisation pour réduire l'impact de la production.
Nous sommes membres du contrat de solutions, et nous participons à d'autres initiatives qui ont permis à la France d'être l'un des pays les mieux classés dans le recyclage des déchets créés par l'industrie. Nous avons été membres des instances Écophyto depuis le départ, dans une approche constructive, et nous avons formulé des propositions. C'est animés de cet état esprit que nous sommes ici aujourd'hui pour essayer de trouver des solutions, le but final étant de produire en respectant les agriculteurs, les riverains, les consommateurs et l'environnement. Nos membres sont très fiers d'être un petit maillon de cette grande chaîne de l'agriculture.