Je ne peux affirmer qu'il s'agit d'un recensement exhaustif et complet car nous voyons se manifester, au fur et à mesure du déroulement de la crise, des ressortissants que nous n'avions pas recensés. Nous avons cherché à nous occuper non seulement de nos ressortissants de nationalité française mais aussi de leurs ayants-droit, qui ne l'ont pas nécessairement. Nous avons également étendu le champ de notre action à nos employés et nos agents de l'Institut français de Gaza. Ils sont Palestiniens mais nous avons estimé que nous leur devions cela – il ne s'agissait pas d'une obligation juridique –, certains d'entre eux travaillant pour nous depuis plus de vingt ans. Nous avons considéré qu'il s'agissait d'une obligation d'ordre moral. Je reviendrai d'ailleurs sur ce sujet, qui est intéressant et qui trouve d'ailleurs son intérêt au-delà de cette crise. Le 9 novembre, le président de la République a appelé, au moment de la conférence humanitaire à laquelle vous faisiez référence, « à la libération immédiate et sans condition des 239 otages ». En effet, si huit de nos compatriotes sont portés disparus, de multiples pays et partenaires très proches déplorent également de nombreux disparus.
Le centre a activé une cellule de crise dès le lendemain des attaques et fonctionne en trois-huit. L'intensité de la crise était telle que nous avons dû solliciter non seulement les agents du centre mais également le vivier constitué au sein du ministère et de la Croix-Rouge. En effet, nous sommes liés à la Croix-Rouge par une convention de partenariat qui nous permet d'accueillir en notre sein, quand une crise dépasse un certain seuil d'ampleur, un certain nombre de bénévoles notamment pour assurer la réponse téléphonique. En trois-huit, il est nécessaire de disposer d'une trentaine de personnes par shift, soit environ une centaine de personnes par jour. Si certains d'entre eux reviennent d'une journée sur l'autre, le dispositif nécessite néanmoins un très grand nombre de moyens et de ressources. Je tiens également à saluer le dévouement des personnels, dont certains n'ont aucune obligation à venir servir ainsi le jour et la nuit.
Ce dispositif a permis à tous les Français qui le souhaitaient, de passage ou résidents en Israël, de rentrer en contact avec le centre à Paris ou avec notre réseau diplomatique et consulaire sur place, à commencer par nos deux consulats généraux de Tel-Aviv et de Jérusalem. Chacune de ces personnes a été ensuite recontactée individuellement pour savoir très précisément si elle souhaitait bénéficier des vols mis en place ou si au contraire elle estimait pouvoir ou souhaiter rester sur place en Israël. Au total, la cellule a traité 5 000 appels et 4 000 courriels. Entre le 12 et le 18 octobre, nous avons organisé quinze vols spéciaux à destination de Tel-Aviv, qui ont permis de ramener en France 3 500 Français et ayants-droit basés en Israël.
Nous avons déployé deux agents du CDCS au sein de notre consulat général pour aider à l'accueil dans les aéroports. De la même manière, pour la première fois, nous avons mobilisé avec une telle ampleur la task-force sanitaire internationale, c'est-à-dire le vivier constitué à partir nos personnels médicaux et paramédicaux dans nos hôpitaux, qui sont déployables à l'étranger en période de crise. Nous n'avons d'ailleurs arrêté les vols spéciaux que lorsque nous avons estimé que nos ressortissants qui souhaitaient rentrer plus tard pouvaient utiliser les lignes commerciales classiques, lesquelles continuent à fonctionner, notamment entre Paris et Tel-Aviv.