Je veux tout d'abord, ici, vous remercier de l'intérêt que vous portez au centre de crise et de soutien et à son action. Je vous remercie de me donner l'opportunité de vous détailler ce que fait le centre de manière générale, et plus particulièrement dans le contexte de crise particulièrement aiguë que connaissent Israël et la bande de Gaza depuis le 7 octobre dernier.
Le CDCS est une espèce « d'urgentiste » de l'action internationale de la France. Il fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, en régime de croisière toute l'année et plus particulièrement quand se produisent des crises à travers le monde, qu'il s'agisse de crises de nature sécuritaire ou de crise liées à des catastrophes naturelles. J'ai en effet pris mes fonctions il y a un peu moins de trois mois et, avec mon équipe, nous avons eu à gérer des crises successives au Gabon, au Maroc, en Libye, au Haut-Karabagh et maintenant en Israël et Palestine. Ces crises sont non seulement fréquentes mais elles gagnent, en outre, en gravité.
Dès lors, nous regardons l'avenir avec une certaine préoccupation. S'agissant de la situation en Israël et en Palestine, le centre est mobilisé depuis le 7 octobre, au même titre que l'ensemble de notre réseau diplomatique et consulaire et nos ambassades dans la région – en particulier nos consulats généraux à Jérusalem, à Tel-Aviv et au Caire –, puisque cette crise a également une dimension régionale.
Le CDCS a deux missions principales. La première consiste à assurer la sécurité des ressortissants français à l'étranger et la seconde a pour objet d'intervenir dans des situations d'urgence humanitaire. Vous m'avez invité à restituer le CDCS dans un contexte comparatif : en réalité, il n'existe pas véritablement d'équivalent ailleurs puisqu'à l'étranger, la plupart du temps, la gestion de crise et l'action humanitaire sont séparées. De ce point de vue, je trouve que le modèle français est assez intéressant et je le trouve plutôt pertinent, dans la mesure où il permet de gérer la crise dans la durée, c'est-à-dire de la préparation à la crise – notamment les plans de sécurité de nos ambassades, les points de rassemblement et la planification d'éventuelles évacuations –, à la crise elle-même dans ce qu'elle a de plus aiguë et également la sortie de crise. Cette espèce de continuum est en soi intéressant parce qu'il propose une certaine cohérence.
Je précise que cette action du CDCS s'inscrit dans une approche plus générale, telle qu'elle a été définie par le président de la République, et qui présente vis-à-vis de ce conflit entre Israël et Gaza, trois dimensions au moins. La première dimension est humanitaire et recouvre d'ailleurs plusieurs sujets, chacun très complexe, comme le respect du droit international humanitaire, la protection des personnels civils et humanitaires, et celle des accès pour répondre aux besoins immenses des populations. La deuxième dimension est sécuritaire et concerne à la fois des sujets liés à la lutte contre le terrorisme en général et le Hamas en particulier, ainsi que tout ce que nous pouvons mettre en place en coordination avec nos grands partenaires pour éviter un embrasement régional à la suite de cette crise ou en parallèle de cette crise. Enfin, la troisième dimension est d'ordre politique et repose sur l'idée selon laquelle sans horizon politique, on ne peut pas espérer trouver une issue durable à cette crise et à ce conflit. Il s'agit là de la relance du processus politique avec les Palestiniens, et notamment cette solution – je n'en connais pas d'autres – des deux États, pour reprendre la formule aujourd'hui bien connue, vivant côte à côte en paix et en sécurité.
Ces trois piliers forment en fait une espèce d'arrière-plan dans lequel s'insère l'action très opérationnelle du centre de crise. Nous n'avons pas de fonction d'ordre doctrinal ou de définition de positions très politiques. Mon équipe composée de cent-dix personnes travaille sur des sujets très concrets à mettre en œuvre, des projets d'initiatives très pratiques. Au titre des aspects consulaires, il convient de distinguer ce que le centre a accompli pour nos ressortissants en Israël, d'une part, et ce que le centre continue de réaliser pour nos ressortissants et les agents du ministère de l'Europe et des affaires étrangères dans la bande de Gaza, d'autre part.
Nous déplorons aujourd'hui quarante victimes françaises dans les attaques terroristes du 7 octobre et leurs suites immédiates. Ce lourd bilan n'est d'ailleurs pas définitif. Nous avons présenté nos condoléances aux familles, que je réitère ce soir de la manière la plus solennelle. Nous sommes en contact avec les familles de chacune de ces victimes pour définir l'aide que nous pouvons leur apporter, d'ordre médico-psychologique, de nature plus juridique ou pour accéder à un certain nombre de fonds qui peuvent apporter un soutien, y compris financier. Huit de nos compatriotes sont portés disparus ; nous utilisons ce terme « disparus » et non pas celui d'« otages », même si nous savons qu'un certain nombre d'entre eux sont retenus en otage dans la bande de Gaza par le Hamas ou d'autres groupes terroristes. Ainsi que le président de la République et la ministre de l'Europe et des affaires étrangères l'ont rappelé, nous mettons tout en œuvre pour obtenir leur libération.
Comme vous l'avez annoncé, je n'en dirai pas plus ici dans ce format, parce que l'une des conditions de réussite pour obtenir la libération de nos compatriotes est précisément d'être les plus discrets possible et d'observer la plus grande confidentialité. Sachez que nous utilisons tous les canaux à notre disposition pour obtenir leur retour au sein de leurs familles.