Intervention de Jean-Louis Bourlanges

Réunion du mardi 14 novembre 2023 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bourlanges, président :

Nous avons le plaisir d'accueillir parmi nous ce soir M. Philippe Lalliot, directeur du centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, qui va nous exposer l'action de cette structure. Nous connaissons bien le CDCS, puisque nous avions reçu son prédécesseur et avions notamment analysé les opérations menées par le centre au Soudan dans des conditions assez difficiles et même tragiques. M. Lalliot évoquera le travail mené par le centre depuis les attentats du Hamas en Israël, le 7 octobre dernier, tant à l'égard de nos ressortissants en Israël et dans les territoires palestiniens, qu'en matière d'assistance humanitaire d'urgence, notamment à destination des populations civiles palestiniennes à Gaza.

Monsieur l'ambassadeur, je vous souhaite la bienvenue devant cette commission. Vous venez de prendre vos fonctions à la tête du CDCS après avoir représenté notre pays à Dakar. J'avais eu la chance d'effectuer un déplacement quand vous étiez ambassadeur au Sénégal et j'avais pu apprécier la qualité de la présence française que vous incarniez dans ce splendide pays. Vous inaugurez donc vos nouvelles missions dans des circonstances particulièrement difficiles mais, pour avoir entendu votre prédécesseur au sujet de la crise au Soudan, ainsi que la directrice-adjointe du centre sur le tremblement de terre en Turquie cette année, nous savons que vous êtes bien entouré pour mener ce travail essentiel.

Le CDCS est un instrument majeur de l'action du ministère de l'Europe et des affaires étrangères dans la crise actuelle, puisqu'il est chargé de la veille, de l'anticipation, de l'alerte et de la gestion des crises se déroulant à l'étranger et nécessitant soit une réaction à un événement menaçant la sécurité des ressortissants français, soit une action humanitaire d'urgence. Tous ces critères sont réunis actuellement au Proche-Orient.

À l'occasion de l'examen des crédits de la mission Action extérieure de l'Etat dans le projet de loi de finances pour 2024, notre rapporteur pour avis, M. Vincent Seitlinger, a dressé le bilan de l'action du CDCS dans les crises de ces dernières années. Il n'est pas ici question de se livrer de nouveau à cet exercice mais plutôt d'informer cette commission sur les différentes actions que vous avez accomplies pour le compte du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, en vue de deux objectifs.

Le premier de ces objectifs était de rapatrier nos compatriotes en France au lendemain des attentats du 7 octobre. Plusieurs avions spéciaux ont été affrétés au départ de Tel-Aviv et nous souhaitons savoir précisément combien de Français ont pu en bénéficier. Dans les territoires palestiniens, on recensait un peu plus d'une cinquantaine de ressortissants et d'une centaine d'ayants-droit : certains, employés d'organisations non gouvernementales (ONG) humanitaires, ont pu sortir par la porte de Rafah grâce à l'Égypte. J'imagine que vous pourrez nous faire aussi le point sur cette question, ainsi que sur le sort des autres personnes éventuellement toujours sur place.

Le deuxième de ces objectifs concerne l'acheminement de l'aide humanitaire, aussi bien pour Israël, dans un premier temps, que pour les populations palestiniennes, à Gaza et peut-être dans les camps de Palestiniens de la région, sur une durée plus longue. Dès les premiers jours de la crise, sur décision du président de la République, la France a déclenché un plan d'urgence pour venir en aide aux civils de Gaza : quelque 20 millions d'euros ont été débloqués, plusieurs avions de transport ont acheminé des fournitures humanitaires et deux navires militaires dotés d'équipements hospitaliers, le Tonnerre et le Dixmude, ont été dépêchés sur zone. Sans doute pourrez-vous nous apporter des précisions à cet égard. Pour le plus long terme, la conférence humanitaire qui s'est réunie à Paris à l'initiative du président Macron, le 9 novembre dernier, a permis d'enregistrer près de 1 milliard d'euros de promesses d'aide. Espérons, désormais, que les conditions permettront rapidement de concrétiser l'assistance aux civils.

J'imagine par ailleurs que le CDCS est associé, plus ou moins, à la gestion de la très délicate question du suivi de nos ressortissants qui sont ou peuvent être les otages du Hamas au sein de la bande de Gaza. Sans dévoiler de quelconques informations confidentielles, il serait intéressant pour nous de savoir à quel titre vous participez ou non au suivi de cet aspect important du dossier.

Monsieur le directeur, si nous souhaitons fortement disposer de davantage de précisions sur l'action de la France par votre intermédiaire, nous apprécierions également beaucoup que vous la resituiez dans un contexte plus global et comparatif, avec les autres Etats qui interviennent, qu'ils soient nos partenaires directs ou non, ainsi qu'avec les principaux acteurs non gouvernementaux du champ humanitaire.

Beaucoup de dirigeants, à commencer par le président Biden, ont souhaité mettre l'accent sur l'aide à fournir aux populations civiles de Gaza. Vous devez avoir une certaine idée de l'effort que leurs pays fournissent concrètement et nous sommes intéressés par ces éléments, qui constituent un marqueur de l'engagement de la communauté internationale dans cette crise. De même, en votre qualité de diplomate chevronné, il ne vous est pas interdit d'avoir une analyse du déroulement des événements et de nous la faire partager. Pour connaître l'intérêt de vos raisonnements, je suis sûr qu'ils intéresseront au plus haut point cette commission.

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