Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du lundi 20 novembre 2023 à 16h00
Discussion des articles — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Si je pouvais lancer une seule mesure d'urgence, avec un budget très restreint, ce serait celle-ci : l'instauration de groupes de parole, une heure par semaine ou une demi-journée par mois, et pas seulement pour les auxiliaires de vie mais dans tous les secteurs professionnels.

Le numérique a encore renforcé la solitude des auxiliaires de vie, y compris pour l'élaboration des plannings destinés à savoir laquelle d'entre elles va passer chez telle personne âgée. Plus besoin de se retrouver ou de discuter avec la hiérarchie : l'information arrive sur le même téléphone portable qui sert à se signaler en entrant et en quittant un domicile. Pour rompre avec cette solitude éprouvante, l'instauration de temps d'échange au sein d'un même groupe de travail est une nécessité.

Un temps d'échange permettra également de se former ensemble. Ce métier suppose, très concrètement, des tas de gestes différents, selon que la personne âgée est alitée ou non, selon qu'il faut ou non la soulever. Trouver conseil auprès d'une autre auxiliaire de vie est indispensable.

Je pense aussi que cette mesure produira un effet de levier, en sortant de l'individualisme et en retrouvant le sens du collectif. Discuter ensemble de l'organisation du travail peut permettre de prendre conscience des intérêts que l'on partage et de s'organiser pour lutter. Disposer d'un temps pour se retrouver, une demi-journée par mois, et discuter de la vie de son association, de son entreprise, ou chercher à comprendre pourquoi l'on nous paye si peu, je crois que cela peut créer un effet de levier.

Enfin, madame la ministre, vous avez mentionné la carte professionnelle conditionnée à une formation qualifiante. Les auxiliaires de vie ne refusent pas ces formations : on ne leur propose pas ! Les priver de carte professionnelle alors qu'elles ne peuvent aujourd'hui suivre une formation qualifiante reviendrait à les pénaliser. Reste la vraie question : quel financement prévoyez-vous pour ces formations ? Au bout du compte, on en revient à la question du budget : avec 100 millions d'euros, c'est une évidence, votre projet reste très modeste.

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