Vous avez aimé le scandale des Ehpad, voici celui des crèches !
Mercredi 22 juin 2022, une fillette âgée de 11 mois est morte empoisonnée dans une crèche privée du 3e arrondissement de Lyon. Ce n'était pas la première fois que l'entreprise People & Baby était mentionnée à propos de soupçons de maltraitance : en décembre 2021, une famille avait porté plainte pour coups et blessures sur une fillette de 4 mois ; en février dernier, des salariés d'une autre crèche appartenant au même réseau, à Dijon cette fois, se sont mises en grève pour dénoncer les conditions d'accueil des enfants de leur structure – températures glaciales faute de chauffage, machines défectueuses, matelas arrachés...
De quoi susciter l'inquiétude de parents déjà stressés par le simple fait de confier leur enfant et de trouver un mode de garde. Car en France, aujourd'hui, c'est encore la croix et la bannière pour dénicher une place. Dans certains endroits, on s'inscrit au sixième mois de grossesse, et on est parfois incité à donner une photo de soi ou à écrire une lettre pour appuyer son dossier.
Dans son rapport d'avril dernier, l'Igas s'alarme d'une qualité d'accueil très disparate. Aux côtés de crèches de grande qualité, animées par une réflexion pédagogique approfondie, on trouve des établissements de qualité très dégradée, ce qui peut entraîner des carences dans la sécurisation affective et dans l'éveil des tout-petits. Certains faits relatés lors de l'enquête sont extrêmement graves : enfants oubliés sur les toilettes, privés de sieste faute de lits en nombre suffisant ou laissés en pleurs jusqu'à ce qu'ils s'endorment. D'autres témoignages parlent d'enfants à qui on ne donne pas à boire pour changer moins souvent leurs couches, qu'on laisse trop longtemps dans leur couche mouillée, que l'on humilie ou insulte, que l'on nourrit de force. C'est catastrophique.
Ce sont 80 % des nouvelles places de crèche qui appartiennent au privé lucratif, un secteur en plein boom. Je remercie William Martinet de nous permettre de faire la lumière sur ce système opaque et sur la privatisation d'un service public – une fois de plus. Nous soutenons évidemment sa demande de commission d'enquête. Bien sûr, la maltraitance n'est pas l'apanage des crèches privées : partout, des conditions de travail dégradées peuvent y conduire.
Enfin, l'Igas rappelle que, pour un bébé de moins de 1 an, passer 40 heures par semaine en crèche, avec ce que cela implique de bruit, d'agitation, de surstimulation, n'est de toute façon pas la solution la plus adaptée à ses besoins. Elle appelle par conséquent à « revoir la durée et les règles de rémunération des congés maternel, paternel et parentaux ». Nous restons à la disposition de la majorité pour travailler sur ces dispositifs.