Où est donc passée la révolution des transports franciliens promise par Mme Pécresse ? Un dialogue social dégradé avec des grèves à la clé, des incidents d'exploitation à répétition, un service dégradé et des plaintes toujours plus nombreuses des usagers : voilà le bilan de la mise en concurrence du réseau de bus Optile en moyenne et en grande couronne ! On pouvait espérer, après ce fiasco, que l'ouverture à la concurrence du réseau de bus de la RATP serait abandonnée ; malheureusement, il n'en est rien. La présente proposition de loi n'en remet absolument pas en cause le principe ; pourtant, il y a de quoi.
Du côté de la continuité du réseau, avec pas moins de treize lots, les problèmes de coordination entre les lignes se multiplieront, en raison des effets frontières. Du côté du sac à dos social concédé aux 19 000 agents concernés, on ne trouve des garanties ni sur le dialogue social, ni sur le maintien des salaires, ni sur le travail de nuit, ni sur la distance supplémentaire qu'ils pourraient avoir à couvrir à l'avenir.
L'ouverture à la concurrence n'est pas une obligation ; c'est un choix politique, en l'occurrence celui de l'AOM et de sa présidente, Valérie Pécresse. Elle aurait pu choisir un mode de gestion public, en créant une régie régionale ou une société publique locale (SPL) ; elle a choisi le marché.
Au fond, ce texte ne trompe personne. Il s'agit pour la droite sénatoriale, avec l'aval du Gouvernement, de voler au secours de la présidente Pécresse, qui a le plus grand mal à imposer la mise en concurrence et aimerait s'épargner un mouvement social d'ampleur, difficile à assumer pendant les JOP. Surtout, pas question de toucher à l'essentiel : vu le chiffre d'affaires en jeu – 1,3 milliard d'euros –, ce projet en dit long sur l'entêtement idéologique des libéraux de privatiser tout ce qui peut l'être. Tout cela pour d'hypothétiques économies, au détriment de la lisibilité du réseau, de la qualité du service rendu aux usagers et des conditions de travail des salariés !
Le groupe Socialistes et apparentés est résolument opposé à ce projet, qui contribuera à fragiliser encore davantage le service public du transport en Île-de-France, et votera contre la proposition de loi.