Cette proposition de loi manifeste une révélation : les idéologues du marché ont enfin compris, effarés, que la privatisation de la RATP engendrera une catastrophe pour le quotidien des 12 millions de Franciliens, un chaos qui, à lui seul, risque de compromettre la réussite des JOP. Alors, pris de panique, ils ont recours à un texte examiné en procédure accélérée, sans étude d'impact ni avis du Conseil d'État, élaboré sans l'accord des organisations syndicales. À dix-huit mois de l'ouverture prévue à la concurrence, la prise de conscience est tardive.
Marseille a fait le choix de la régie publique depuis longtemps. Nice a récemment fait celui de tourner la page de l'ouverture à la concurrence. Cette dernière est en effet un désastre documenté. En grande couronne francilienne, où elle est en vigueur depuis le 1er janvier 2021, la privatisation des transports pourrit le quotidien. Dans ma circonscription, les usagers du réseau de bus Argenteuil-Boucles de Seine subissent l'effondrement de la desserte, et les salariés, le démantèlement de leurs droits sociaux, tels les machinistes du dépôt de Montesson, auxquels Keolis a supprimé du jour au lendemain la prime annuelle d'intéressement.
Sentant venir la catastrophe, le duo Pécresse-Macron bricole : un sac à dos social pour les salariés, mais sans treizième mois, et qui disparaîtra bientôt, à l'échéance du premier appel d'offres ; un report de l'ouverture à la concurrence pour les usagers, qui diffère le problème sans le régler. Encore un instant, monsieur le bourreau ! Le passe Navigo à 100 euros et la suppression des droits sociaux suivent !
Rien n'oblige à la privatisation de la RATP, ni le règlement OSP, ni la LOM. Rien, sinon l'obstination dogmatique des jusqu'au-boutistes du marché ! À l'heure de la crise climatique et de l'effondrement du pouvoir d'achat, nous défendrons le service public, sa logique et l'intérêt général plutôt que l'intérêt des financiers !