Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du lundi 10 octobre 2022 à 16h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027 - projet de loi de finances pour 2023 — Présentation commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Prenons donc le temps du débat.

Je reviens à la question des chiffres. On se demande sur quelle base nous sommes censés débattre ensemble, étant donné que toute la logique de cette loi repose sur les prévisions d'une croissance objectivement surévaluée et d'une inflation objectivement sous-évaluée. C'était déjà le cas lors du programme de stabilité – je l'avais alors noté. Je le constate donc aujourd'hui : bis repetita.

Vous prévoyez à peine 4,2 % d'inflation en 2023 alors que l'Insee l'estime à 6,4 % pour la fin 2022. Et l'on se demande comment vous pouvez annoncer une croissance à 1 % l'an prochain alors qu'elle a été évaluée par l'Insee à 0 % pour le dernier trimestre de 2022. La présidente du FMI, le Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, annonce elle-même au moins deux trimestres de contraction cette année ou l'année prochaine.

Et quand bien même il y aurait un peu de croissance molle, le FMI lui-même estime que cela serait ressenti comme une récession à cause de la baisse des revenus réels et de la hausse des prix. L'expertise gouvernementale serait-elle supérieure à celle du FMI, du Haut Conseil des finances publiques (HCFP) et de l'Insee ? Tous les observateurs s'accordent sur ce risque de récession, bien plus certain que le 1 % de croissance que vous annoncez. Or ce n'est pas un détail. Vous connaissez très bien la différence – qui n'est pas uniquement mathématique – entre une société qui connaît 1 % de croissance et une société qui entre en récession. Dois-je vous rappeler que, lors la crise des subprimes, la France n'a pas été en récession – en grande partie, d'ailleurs, grâce au soutien de l'économie par les dépenses publiques pendant que le marché privé était atone ?

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