Je voudrais revenir sur deux points. Le premier, c'est la question de l'évolution des modèles viticoles à moyen et à long terme. Elle se fait sous une triple pression : le changement climatique, qui va obliger à déplacer des parcelles dans des zones plus ombrées ; la nécessité de conserver une rentabilité ; les évolutions sociétales, à l'égard des phytosanitaires, du carbone et de la biodiversité. Souvent, les débats portent uniquement sur l'un de ces trois aspects. Or l'exploitant devra tenir compte de tous. L'exemple du glyphosate est révélateur de certaines contradictions. Nous devons avoir une vision cohérente des conditions d'évolution des exploitations, en tenant compte des différents facteurs. L'adaptation au changement climatique ou aux maladies relève de problématiques très régionales. Ce ne sera pas la même chose dans la zone bordelaise, qui ne rencontre pas de problèmes de sécheresse pour l'instant, que dans les zones méditerranéennes, qui deviennent désertiques. Les modèles vont bouger sous la pression de plusieurs facteurs.
Concernant le HVE et l'évolution du référentiel, ce qu'a dit M. Turquois est assez juste : les évolutions des pratiques font que les IFT sont moins bons. C'est toute la contradiction du projet de HVE dans lequel la viticulture française s'est particulièrement engagée. Ce modèle visait à faire évoluer les pratiques. Mais le problème, c'est qu'il n'y a pas de point d'arrivée. On diminue les doses encore et encore, sans objectif. À continuer ainsi, on ne peut qu'aller dans le mur. Les gens vont se désengager du HVE – sinon des pratiques environnementales, d'un cahier des charges qui n'est plus applicable, ce qui serait dommage. Il faut se demander quelle est la cible visée pour définir un cahier des charges stable et offrir de la visibilité aux professionnels. Si c'est pour arriver à de l'agriculture biologique, il y a déjà un cahier des charges agriculture biologique, mais ce n'est pas cela la cible.