Je suis une femme trans. Je suis né garçon et je deviens femme. Je suis chez les Coqs festifs depuis trois ans et je suis membre du conseil d'administration depuis cet été. Mon entrée chez les Coqs festifs n'était pas une évidence. À l'issue du premier confinement, je cherchais un club de sport afin de pratiquer le rugby et ne plus me sentir isolée. Je souhaitais surtout évoluer dans un environnement accueillant, et non hostile. En sachant que ça coïncidait avec la période lors de laquelle je commençais les démarches pour ma transition.
Les Coqs festifs m'ont proposé une journée d'essai. J'ai adoré le premier entraînement, mais je n'ai pu m'inscrire que l'année suivante en raison du deuxième confinement. J'ai grandi avec un père fan de rugby, qui a été joueur et entraîneur de son équipe. J'ai donc toujours été imprégnée par le rugby pendant mon enfance. Pour autant, j'étais convaincue que ce n'était pas un milieu pour moi. J'ai pris conscience de ma sexualité différente assez tôt.
Pendant la période de l'adolescence, il m'était difficile de faire face à des personnes qui voyaient en moi ce que je n'avais pas encore achevé de comprendre. C'était même très perturbant. La question des vestiaires pendant les cours d'EPS a toujours été très compliquée. J'ai majoritairement pratiqué la natation pendant ma jeunesse. Dans l'eau, on est seul dans sa tête et on n'a pas besoin des autres. En plus, on se change dans une cabine, c'est-à-dire un espace clos pour soi.
Je trouvais le monde du rugby viriliste et très violent. J'étais persuadée de ne jamais pouvoir y trouver ma place. J'ai expliqué ma situation à Alban avant mon entraînement d'essai. J'avais beaucoup d'appréhension parce que c'était la première fois que j'allais faire du sport en public en tant que femme trans. Je lui ai posé un certain nombre de questions. Il m'a répondu que je serais le premier joueur trans de l'équipe, mais qu'il n'y aurait pas de problème.
Lorsque je suis arrivée, on m'a demandé spontanément si je souhaitais avoir un vestiaire séparé afin de me changer plus tranquillement. J'ai trouvé ça merveilleux. J'ai refusé parce que je préfère faire partie de l'équipe. J'ai énormément pris confiance en moi grâce au soutien et à la solidarité que j'ai trouvés au sein de la famille des Coqs sportifs. Il est arrivé qu'il y ait des incidents, voire des insultes à mon égard, en raison de mon identité de genre et de mon apparence physique. Pour autant, j'ai toujours été soutenue par le club.
Je suis notamment extrêmement reconnaissante au club de m'avoir soutenue sur la question de la mixité, qui est interdite par la FFR. Lorsque j'ai rejoint le club, l'affiliation à la FFR était en négociation. Nous évoluions alors dans une fédération qui autorisait les clubs mixtes. L'année suivante, j'étais en pleine démarche de changement de prénom à l'état civil lorsque le club a été affilié à la FFR. Lorsque j'ai appris que la fédération nationale interdisait les clubs mixtes, j'ai décidé de me contenter du changement de prénom et de ne pas changer le marqueur de genre. Et ce, afin de ne pas être interdite de compétition et de matchs. À l'époque, je n'avais même pas la certitude de pouvoir m'entraîner.