À partir du moment où vos coéquipiers ne souhaitent pas que vous entriez dans le vestiaire, il est difficile de se sentir à l'aise dans son propre club. Je n'y suis jamais retourné après cet épisode-là. Aujourd'hui, je sais que cette espèce d'ambiance homophobe s'est un peu calmée parce que l'un des entraîneurs est ouvertement gay. C'est peut-être une question générationnelle.
Toujours est-il qu'il m'a fallu me tourner vers les Coqs festifs pour trouver un endroit où je pouvais me sentir à l'aise avec ma sexualité. Sans pour autant mettre ce sujet en avant au quotidien, il a tout de même fallu que je me demande comment pratiquer le sport que j'aime sans être discriminé. Je me suis posé cette question avant même d'avoir une identité sexuelle. Je ne sais pas s'il existait à cette époque-là des organismes vers lesquels j'aurais pu me tourner, mais le coach ne m'a pas vraiment aidé.
Il convient de souligner que la lutte contre la LGBT-phobie ne peut pas aller sans lutter contre la misogynie. Je pense que l'homophobie et la LGBT-phobie descendent surtout d'une misogynie intégrée. Pourquoi le terme « enculé » est-il une insulte ? Parce que la personne enculée est pénétrée. C'est l'idée qu'une femme est un objet pénétré et souillé dans lequel un homme se vide. On ne pourra pas remédier à la LGBT-phobie sans lutter contre la misogynie et cette image selon laquelle être une femme et être pénétré sont dégradants. C'est la raison pour laquelle je pense que ces luttes vont de pair.