La lutte contre l'homophobie est forcément un sujet qui me touche. J'ai joué au Toulouse Football Club pendant six ans. Je suis allé jusqu'aux États-Unis pour essayer de vivre de ma passion. Finalement, le constat était un peu le même. En fait, je n'ai pas senti d'empathie sur le sujet pendant les échanges. J'ai pu discuter avec le directeur de la communication RSE de la LFP. Je ne comprends pas qu'une ligue puisse me demander si je connais des personnes à l'AS Monaco, à Toulouse ou ailleurs qui pourraient éventuellement les aider à organiser une réunion. Ils ont forcément des contacts au sein des clubs.
En fait, la LFP et la FFF misent tout sur quelques associations. J'ai vraiment l'impression que c'est pour dire : « Vous ne pourrez pas dire qu'on n'a rien fait sur le sujet. Nous avons fait une action cette année ». C'est louable de la part de ces associations, dont la plupart sont bénévoles. Sont-ils formés et outillés pour accompagner la jeunesse ? Le temps où un footballeur n'était qu'un footballeur est révolu. Les joueurs sont désormais des leaders d'opinion. Ils ont des millions de followers sur les réseaux sociaux. Ils sont écoutés par une partie de la France, parfois même davantage que les politiciens. Si on n'aide pas ces jeunes-là à déployer les valeurs qui doivent prévaloir en France, ça peut rapidement devenir très compliqué.
Je suis peut-être un peu négatif, mais je constate que les choses n'ont pas avancé - ou très peu - malgré mon livre et la série documentaire. C'est donc un peu décourageant. En plus, j'ai entendu des discours de haine dans chaque club où je suis passé. J'aime à penser que les clubs qui m'ont ouvert les portes sont certainement les plus ouverts d'esprit. Les autres ont préféré que je ne vienne pas filmer les séances.
Qu'est-ce que ça dit de l'état du football français ? Je pense que l'homophobie dans le football est l'angle mort des discriminations. Ils n'ont pas envie de s'en préoccuper ; peut-être par crainte que ça déplaise aux supporters, aux coachs ou aux joueurs. En tout cas, il y a un écart entre les valeurs que la France est censée porter et celles que le football français défend aujourd'hui.