Je vais tout d'abord vous donner quelques chiffres. Nous avons remporté un appel à projets du ministère des sports et de l'organisme Ipsos. Nous avons mené une enquête qui a été publiée le 17 mai dernier. Il en ressort ce qui suit : 50 % des Français ont déjà été témoins d'une situation homophobe ou transphobe dans le milieu sportif, 50 % des personnes LGBT ont déjà été victimes d'une situation homophobe dans le milieu sportif et plus de 75 % des Français considèrent qu'il faut aller plus loin dans la lutte contre la LGBT-phobie dans le sport.
Notre fédération regroupe tous les sports que vous connaissez aux Jeux olympiques. Monsieur Belgacem reviendra sur ce qu'il se passe dans le football. Olivier Klein et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), par le déclenchement de l'article 40, commencent à faire de la répréhension à l'encontre des insultes homophobes dans les stades. C'est une étape mais peut-être pas suffisant.
Comment identifier les auteurs de chants homophobes dans les stades ? Même s'il y a de la vidéosurveillance, il s'agit de travailler en amont. Il faut peut-être se rendre dans les clubs de football, dans les centres de ressources, d'expertise et de performance sportive (Creps) et dans les centres d'entraînement. Il faut travailler à la fois avec les jeunes et les entraîneurs, mais aussi avec les ultras et les clubs de supporters. La Fédération française de football et la ligue de football professionnel doivent vraiment se mettre au travail sur le sujet parce que les actions entreprises ne sont pas suffisantes. Le budget en la matière est nettement insuffisant au regard du travail à accomplir.
Aujourd'hui, le CNOSF a pour mission de faire chaque année un rapport sur l'homophobie dans le sport en général. Vous avez auditionné Brigitte Henriques, sa présidente précédente, qui avait promis de le faire. À ce jour, ce rapport n'a pas été publié. Nous aimerions bien qu'il le soit parce que nous avons besoin d'un état des lieux et constatons des lacunes sur ce sujet. Nous avons essayé de contacter David Lappartient, le nouveau président du CNOSF, mais nous n'avons pas eu de contact avec lui à ce jour. Nous espérons être recontactés un jour. Notre fédération est reconnue et dispose d'un agrément ministériel depuis le 9 septembre dernier. Nous sommes donc désormais éligibles au CNOSF.
Nous pensons que les personnes LGBT+ doivent être reconnues et incluses au sein des fédérations. Aujourd'hui, peu de personnes trans peuvent concourir. Certaines fédérations internationales interdisent même aux personnes trans de concourir : la fédération internationale d'échecs, la World Athletics, la World Rugby et la Fédération internationale de natation (Fina). Je rappelle que les femmes trans sont des femmes et que les hommes trans sont des hommes. Par conséquent, ces personnes ne doivent pas être discriminées dans les compétitions.
Des groupes d'études se créent. La Fédération française de rugby a organisé hier un colloque dans le cadre de la Coupe du monde de rugby en France. Cela va nous donner un héritage. Il ne faut pas discriminer les personnes LGBT et trans dans le monde du sport. Le budget est nettement insuffisant dans certaines fédérations. Des choses sont entreprises en la matière par certaines fédérations – on a évoqué le rugby –, mais des fédérations se trouvent toujours en difficulté. Il y a notamment des budgets à mettre en place dans le football. Il faut vraiment intensifier des actions sur ce sujet. Il s'agit véritablement d'œuvrer au quotidien. Il faut aller dans les clubs de football, à la rencontre des jeunes et des entraîneurs, voire des supporters. Ça représente un travail conséquent. On ne peut pas se contenter de deux ou trois événements annuels, de mettre des maillots floqués le 17 mai et fermer les yeux le reste de l'année.
La ligue de football a rendu hier un arbitrage assez ubuesque avec des suspensions et des amendes financières. Je pense que ce n'est pas suffisant. Les choses ne doivent pas se passer comme ça. Il faudrait donc mettre davantage de moyens sur ce sujet.
Je voudrais revenir sur ce qui s'est passé à la Fédération française d'escrime, dont le président a démissionné. Nous avons effectué quatre signalements sur Signal-Sports pour des cas d'homophobie graves et avérés. Des personnes ont notamment été déclassées et traitées de pédophiles. Ça m'émeut d'en parler. Nos signalements n'ont été remontés qu'hier soir, ce qui est assez étonnant et a peut-être un lien avec la présente audition.
La personne en question a enfin été auditionnée par le médecin fédéral de la Fédération française d'escrime. Nous espérons vraiment que ça va aboutir, alors que cette personne a dépensé plus de 20 000 euros dans le cadre de ces signalements. Il s'agit d'un entraîneur reconnu au niveau régional, en Bourgogne et dans le nord-est. Il convient donc d'œuvrer par rapport aux problèmes qui existent au sein de la Fédération française d'escrime.