Je ne saurais pas vous répondre précisément. Il pourrait s'agir de leurs avocats, de leurs agents ou de la personne de la communication qui les accompagne. En tout état de cause, la communication de la FFF n'a absolument pas fait son travail à l'occasion de ce clip. En l'occurrence, ils ont fait le minimum syndical en demandant à trois joueurs de s'exprimer. L'un d'eux a dit n'importe quoi et les deux autres ont fait les choses vite fait, bien fait. Le fait est que le clip n'a jamais été diffusé. Je pense que le service de communication a bloqué les choses. On va m'engueuler de vous le dire. J'assume mes propos parce que ce n'est pas normal. Ça signifie qu'il y a tout de même un problème.
Il y a un point important sur lequel un travail reste à faire. Dans le football professionnel ou amateur, il y a par ailleurs de plus en plus d'interprétations des religions. Aujourd'hui, je travaille avec des imams. J'ai notamment interviewé l'imam de Bordeaux, Tareq Oubrou. Il faut arrêter de se protéger derrière des religions, quelles qu'elles soient. Beaucoup de choses disent n'importe quoi. On entend dire que l'homosexualité est interdite. Le pédé il ne prend pas sa douche avec nous, il dégage. On constate qu'ils interprètent les choses à leur façon les traditions, les cultures et l'éducation. Il faut absolument mettre le doigt dessus parce que c'est un problème qui monte très rapidement. Heureusement, dans les clubs professionnels, des référents socio-éducatifs sont là pour gérer les jeunes. Ils essaient notamment de les faire grandir sur tous ces sujets de société.
En ce qui concerne la prévention, je pense effectivement qu'il y a un manque de moyens. Il y a également un manque d'unité. Nous sommes partenaires de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah). Nous avons des relations avec le ministère des sports, mais très peu de contact avec le ministère chargé de l'égalité entre les femmes et les hommes. Je trouve qu'il manque une unité.
Lorsque Laura Flessel était ministre, le ministère des sports rencontrait souvent les associations pour articuler les actions et les moyens des uns et des autres. Elle m'avait notamment aidé financièrement pour réaliser un film avant de trouver un diffuseur. Il faut se réunir pour trouver des outils pédagogiques et définir des plans d'action. Or, c'est quelque chose qui manque aujourd'hui. Chacun fait ce qu'il peut de son côté et il n'y a personne au-dessus pour coordonner les plans d'actions.
Il est évident qu'il manque des moyens de prévention. Vous devriez demander à la FFF quel budget elle a consacré à la lutte contre les discriminations ces dix dernières années. Je pense que la réponse nous surprendrait. Il est donc grand temps de s'y mettre. En ce qui concerne la sanction, il faut savoir si le ministère de l'intérieur et celui de la justice font leur travail convenablement. Après, je sais bien qu'il manque des moyens et que tout est difficile. On sait tous que c'est très compliqué lorsqu'il y a des propos racistes ou homophobes dans un stade.
Les clubs professionnels font souvent un travail remarquable. Il serait intéressant que vous auditionniez les directeurs de la sécurité des stades, que je rencontre souvent. Ils font un travail énorme pour retrouver les images et identifier les auteurs de propos racistes et homophobes. Par contre, lorsqu'elles sont soumises à la préfecture ou aux services de police, les sanctions liées au racisme ou à l'homophobie restent rares.
C'est la même chose dans le milieu amateur. Il faut que les clubs sachent qu'il y a des interdictions administratives de stade. Certaines personnes se rendent dans les stades de niveau amateur pour y tenir des propos racistes et homophobes. Il existe des solutions, mais très peu de gens en sont informés. C'est donc un problème auquel il convient de remédier.