Vous permettrez au jeune délégué interministériel que je suis de ne pas avoir toutes les réponses. Nous n'avons malheureusement pas d'éléments statistiques tels qu'évoqués dans votre question. Il est vrai que nous avons une réelle difficulté dans notre pays à quantifier la discrimination, que ce soit dans l'accès à l'emploi, au logement ou dans le sport.
Vous avez rappelé que la Dilcrah a deux plans pour feuille de route : le plan national de lutte contre le racisme et l'antisémitisme et le plan national d'action pour l'égalité des droits contre la haine et les discriminations anti-LGBT+. La question du sport figure dans ces deux plans à différents titres. Il y a tout d'abord la question de la quantification, qui est mise en avant dans les deux plans. Il s'agit notamment de mesurer les phénomènes de racisme, d'antisémitisme et de discrimination, et ce dans tous les milieux.
Un premier objectif consiste à mieux s'investir dans le sport, qui devrait être un espace de bienveillance, de rencontre et de lutte contre les discriminations. Nous avons pu constater hier soir dans le match entre Nancy et le Red Star que des cris de singe sont descendus des tribunes. Nous avons également entendu, lors du match au Parc des Princes, des chants homophobes particulièrement virulents qui ont été repris par le stade de manière unanime et sans aucune réaction de l'arbitre et du délégué. Nous avons même constaté une forme d'indifférence. La Dilcrah et les ministres se sont saisis de cette affaire, mais on nous a expliqué que tout ça n'était que « du folklore et quelque chose d'anecdotique ».
C'est pourtant tout le contraire. Ça constitue un sujet majeur aujourd'hui. L'accès au sport, et notamment aux sports collectifs, est plus ou moins difficile pour les personnes en fonction de leur orientation sexuelle. Il y a une crainte de la réaction des coéquipiers et, lorsqu'on pratique le sport à un niveau plus important, des quolibets descendant des tribunes. Ce n'est donc pas qu'un effet d'image. Ça empêche un certain nombre de personnes de pratiquer le sport de leur choix.
C'est l'un des chantiers importants que la Dilcrah mène avec des partenaires. Il s'agit d'ouvrir le champ sportif en luttant contre les discriminations, et notamment celles qui sont liées à l'orientation sexuelle. Des fédérations se sont emparées de ce sujet-là, notamment la Fédération française de rugby (FFR), qui réunissait hier un symposium sur la question du genre et de l'orientation sexuelle dans le sport. Nous pouvons que constater que toutes les fédérations n'ont pas la même appréhension ni la même mobilisation sur ces phénomènes.