Je suis secrétaire général de SOS Racisme et président de Sportitude, structure qui travaille spécifiquement dans le domaine du sport et qui est très axée sur les problèmes périsportifs. Elle n'intervient pas dans la pratique du sport en tant que telle, mais sur toutes les problématiques périphériques au sport. Ce qui m'a amené à créer cette association est le constat que les problèmes périsportifs ne sont pas assez traités par les fédérations et les instances sportives, qui mettent davantage l'accent sur le champ sportif, dont l'organisation est leur mission première, que sur l'extra-sportif.
Le périsportif et l'extra-sportif sont généralement très peu traités par les fédérations et tous ceux qui ont la charge de gérer le sport. Je pense qu'il y a un défaut de perception et de conception du sport dans sa globalité. Certaines fédérations ou certains dirigeants considèrent seulement le sport en se focalisant sur sa pratique alors que le sport englobe aussi tout ce qui tourne autour du sport. C'est la raison pour laquelle on constate qu'il y a moins d'investissement dans le périsportif s'agissant des problèmes que vous venez d'énumérer.
Très peu de fédérations, de clubs et d'instances sportives investissent dans les moyens humains et matériels pour répondre à ces problématiques qui sont liées à la pratique du sport.
Il s'agit donc d'intégrer cette problématique de lutte contre les discriminations et le racisme dans le logiciel du sport, dans toutes les dimensions du sport, y compris dans l'enseignement, en particulier dans les écoles de formation. Certes, les choses commencent un peu à changer mais toujours en réaction à des drames ou des problèmes. Devant des faits, il y a parfois un semblant de prise de conscience. Quand un fait de racisme ou de discrimination survient, l'écosystème sportif réagit, s'exprime et fait semblant de prendre conscience du problème mais ensuite, ça retombe jusqu'au prochain acte ou épisode.
L'arrivée d'Internet et des réseaux sociaux a beaucoup changé la donne. Auparavant, il était plus difficile de dévoiler de tels faits et de les médiatiser. Aujourd'hui, on arrive plus facilement à rendre ces problématiques accessibles, ce qui permet de les prendre en compte. En ce qui concerne le bilan en tant que tel, d'après mon expérience, étant donné que je suis à l'origine de la réduction de ces problèmes au Paris Saint-Germain, qui a connu beaucoup de problèmes de violence, de hooliganisme et de racisme entre différentes tribunes, le résultat du PSG est aujourd'hui à l'image du résultat global en France. Si on se compare à d'autres pays, en particulier l'Italie, ces mêmes problématiques se posent là-bas, mais il n'y a pas de réponse apportée.
La leçon à tirer de l'expérience du PSG c'est qu'on peut régler et surmonter ces problèmes. C'est une question de volonté, et non de moyens. En l'occurrence, je pense qu'il y a une volonté, une vision et les moyens nécessaires à mettre en place. La situation actuelle du Paris Saint-Germain n'a plus rien à voir avec ce qu'elle était il y a encore quelques années. Je pourrai vous envoyer un bilan chiffré qui démontre qu'au cours des treize dernières années, pendant lesquelles j'ai travaillé avec eux, ces problématiques de racisme, d'antisémitisme et de violence ont baissé de 97 % au sein de ce club.
La volonté du club de régler ces problèmes a fait suite à un drame, qui est finalement devenu une opportunité de changer les choses. Je crains malheureusement qu'il faille des drames pour amener les instances du sport et l'écosystème sportif à travailler en la matière. Il est regrettable que les problèmes ne soient jamais traités en amont dans le cadre d'un travail serein avec ceux qui connaissent le sujet.
Je constate effectivement qu'il y a plus de dénonciations et de problèmes qui sont mis en évidence. Malgré une certaine prise de conscience, il reste beaucoup à faire, notamment en termes de moyens à mettre en œuvre pour lutter contre ces problèmes. La meilleure manière de les éviter, c'est la prévention. Or, c'est en particulier sur ce point qu'il y a beaucoup de défaillances.