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Intervention de Patrick Roult

Réunion du jeudi 5 octobre 2023 à 9h00
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Patrick Roult, chef du pôle haut niveau de l'INSEP :

L'expérience de ces dernières années sur ce type d'affaires montre qu'à chaque fois que nous avons eu la sensation qu'il y avait vraiment un danger, une exclusion à titre conservatoire a été prononcée. Dans notre règlement intérieur, il y a des dispositions qui nous permettent de prononcer de telles exclusions à titre conservatoire, le temps de réaliser les enquêtes administratives et de convoquer ou non un conseil de discipline. Nous ne pouvons nous baser que sur notre règlement intérieur pour établir qu'un trouble est créé au sein de l'INSEP. Lorsqu'une jeune femme vient nous voir et nous dit qu'elle a un problème avec tel ou tel sportif, nous vérifions ce trouble et nous pouvons exclure la personne à titre conservatoire. Nous le faisons d'une façon assez systématique, je dirais même de manière systématique, et je pense donc que nous avons les outils administratifs au travers des dispositions de notre règlement intérieur, même s'il a été attaqué puisqu'un sportif a déposé plainte contre la décision d'exclusion temporaire qui avait été prise à son encontre. Je considère que nous avons un dispositif solide qui nous permet de travailler, de recueillir la parole et de protéger les victimes. Je vais vous donner rapidement quelques exemples que nous avons eu à traiter.

Il n'y a pas si longtemps, un agent de sécurité au niveau d'une porte a attrapé une jeune fille par le badge qu'elle avait autour du cou en lui disant « T'es mignonne, toi ! ». Elle a forcément été choquée et émue, et elle est venue nous rapporter la situation. Dans la demi-heure qui a suivi, cet agent de sécurité a été exclu du site.

Un autre exemple concerne une jeune femme qui en rentrant de stage a constaté que quelqu'un a essayé d'ouvrir l'appareil photo de sa tablette qui était restée sur son bureau dans sa chambre. Il se trouve que quand quelqu'un essaie à plusieurs reprises d'ouvrir l'album photo sur une tablette, celle-ci prend une photo. Nous avions donc le visage de la personne et nous sommes allés voir l'interlocuteur qui en était responsable dans le cadre du partenaire public privé pour lequel elle intervenait. Il s'agissait d'un électricien venu pour une opération de maintenance. Là encore, il a été exclu dans la demi-heure qui a suivi.

Sur la base de ces exemples, je pense que nous avons les dispositifs qui nous permettent de répondre administrativement. Nous pouvons être plus en difficulté dans d'autres situations qui peuvent nous concerner. J'ai en tête le cas d'une jeune femme et d'un jeune homme qui ont été dans une relation amoureuse qui était plus sexuelle que sentimentale et plus de type pornographique qu'érotique. À un moment donné, la jeune femme a rompu la relation parce que ce n'était pas ce qu'elle voulait. Le jeune homme a insisté. C'est très complexe à juger pour nous en tant qu'institution, au-delà de l'avis que nous pouvons avoir moralement ou individuellement. En l'espèce, les deux personnes étaient adultes. Nous n'avons pas eu d'affaires de ce type impliquant des mineurs. Lorsque la jeune femme est venue nous voir en disant « Je suis harcelée », nous avons lancé une enquête administrative et le directeur général a déclenché une procédure en application de l'article 40. La jeune femme n'a pas déposé plainte et c'est bien l'INSEP en tant qu'institution qui a déclenché un article 40.

Permettez-moi de partager un dernier exemple, qui remonte à une époque antérieure à la libération de la parole, ou du moins à ses débuts. Une jeune sportive était arrivée à l'INSEP en tant que brillante junior, mais il s'est avéré qu'elle était ensuite fréquemment blessée et terne. Un jour, elle a pris son courage à deux mains et est venue voir le directeur général de l'époque pour dénoncer le harcèlement dont elle était victime de la part d'un de ses entraîneurs. Dans la demi-heure qui a suivi, des courriels ont été envoyés à la direction des sports et au directeur technique national, et l'entraîneur en question a quitté le site de l'INSEP dans la journée. Depuis cet incident, cette jeune fille ne s'est plus blessée et elle est devenue l'une des meilleures du monde. Notre objectif est que de telles situations n'aient jamais lieu, y compris du point de vue de la performance des sportifs. La sérénité des jeunes hommes et des jeunes femmes qui sont sur le site est extrêmement importante pour la qualité de leurs performances sportives. À ma connaissance, chaque fois qu'un danger est signalé, la réaction est immédiate avec un traitement dans les 24 heures.

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