Un des éléments sur lequel j'ai insisté dans le cadre de la LPM concerne l'amélioration des moyens de simulation et la prise en compte de nos équipages dans la préparation opérationnelle, notamment pour la haute intensité. Dès 2024, nous disposerons de cabines pour réaliser des simulations massives en réseau. Une première capacité a été développée à Mont-de-Marsan, et nous allons maintenant la déployer sur l'ensemble des bases, le but consistant à mettre des pilotes en relation les uns avec les autres pour s'entraîner à des missions de très haute intensité.
Par ailleurs, le simulateur du MRTT a été livré à Istres. Il s'agit là d'un « bijou » unique au monde. J'estime que l'entraînement au ravitaillement en vol ne peut se faire qu'en vol, mais l'entraînement à la mission de protection du MRTT peut être effectuée avec des pilotes de Rafale aux commandes de simulateurs connectés à celui du MRTT. La simulation massive en réseau ne sera pas hyperréaliste en termes de rendu, mais elle permettra de développer des mécanismes que les uns et les autres construisent dans leur préparation opérationnelle.
Vous m'avez également interrogé sur les réserves. Je distingue pour ma part trois types de réserves. La première concerne la réserve de compétences, dans des métiers particuliers. Je pense notamment à l'espace, au cyber ou l'armement des centres de commandement. Le deuxième type de réserve est la réserve territoriale, c'est-à-dire une équipe, un escadron à la disposition du commandant de base pour renforcer le fonctionnement de sa base. Cette réserve peut réaliser des missions de protection de la base, d'organisation de l'activité et d'encadrement de la jeunesse qui vient sur la base. En résumé, il s'agit d'une réserve à la main du commandant de base, pour ses activités locales.
Le dernier objet constitue l'aboutissement ultime, une fois que nous aurons terminé la montée en puissance, avec la constitution éventuelle d'une base aérienne de réservistes. Puisque nous montons en pression, des réservistes dotés de compétences identifiées seraient regroupés sur une base. De tels réservistes pourraient intervenir lors d'exercices majeurs de l'armée de l'Air et de l'Espace. Nous envisageons donc la réserve comme une réserve de compétences, des réservistes venant remplacer sur nos bases aériennes les aviateurs qui sont projetés en opérations extérieures.
Ensuite, vous m'avez interrogé sur l'espace. La défense active dans l'espace constitue, comme je l'ai déjà dit, une des ambitions de la stratégie spatiale, qui figure dans la loi de programmation militaire. Le premier objet s'appelle Yoda (Yeux en orbite pour un démonstrateur agile) et a vocation à être lancé le plus tôt possible. Nous faisons face à des problématiques sur les lanceurs en Europe et nous sommes en train de recaler les agendas pour pouvoir y parvenir. Dans ce domaine, notre priorité porte sur le lancement de CSO-3. Le travail effectué sur Yoda est en cours de réplication sur l'orbite basse.
Ensuite, la très haute altitude est une tranche comprise entre l'espace aérien utilisé au quotidien (jusqu'à vingt kilomètres) et le « début » de l'espace, c'est-à-dire un lieu où les objets sont en orbite. Or cette tranche est en plein développement. L'épisode du ballon chinois au sud des États-Unis en a fourni un exemple récemment, mais d'autres objets sont concernés, par exemple les planeurs hypersoniques. En résumé, cette tranche d'altitude est de plus en plus utilisée et l'armée de l'Air et de l'Espace y accorde une attention particulière. À ce titre, je remettrai dans quelques jours au chef d'état-major des armées une proposition de stratégie militaire pour cette très haute altitude.
Le transport stratégique représente également un enjeu de taille. Vous avez évoqué le contrat SALIS ; il s'agit de vieux appareils, dont nous commençons à éprouver la fin de vie. Cependant, le marché, aussi important soit-il, n'est pas suffisant pour justifier le lancement d'un programme nouveau. Nous devons donc sensibiliser un certain nombre de pays, afin de pouvoir créer une masse suffisante. Si nous n'y parvenons pas, nous ne pourrons pas progresser dans ce domaine. Nous disposons déjà des A400M et des MRTT, qui nous offrent une capacité de transport stratégique, importante et utilisable. Mais nous avons également des besoins exceptionnels pour des objets hors gabarit. Nous devons donc rechercher quels pourraient être les vecteurs utilisables. Or ils sont très peu nombreux.