Je souhaite m'attarder un instant sur la question des ressources humaines, et notamment l'enjeu de la fidélisation, déjà évoqué par Mme la députée Darrieussecq.
L'armée de l'Air et de l'Espace est soumise à des enjeux de fidélisation, qui ne concernent pas uniquement les sous-officiers, puisque nous avons la chance de disposer de personnels très compétents et donc très demandés. La dispersion de nos talents, supérieure à celle que nous souhaiterions, nous oblige à recruter davantage. Mon problème ne porte donc pas sur le recrutement, mais sur le « sur-recrutement ». À titre d'illustration, je tiens à évoquer l'exemple de l'école de Rochefort. En 2014, l'école de Rochefort a recruté 700 sous-officiers, puis 1 400 en 2018. En 2023, elle en aura recruté 1 800. Cet exemple témoigne des adaptations permanentes de l'outil de recrutement et de formation que nous devons effectuer. Aujourd'hui, nous sommes au maximum des capacités disponibles en matière de formation.
Mon objectif consiste bien à réduire l'évaporation des talents. À cet effet, depuis quelques années, nous avons lancé un plan de fidélisation auprès de certaines spécialités très demandées, comme les mécaniciens, mais pas uniquement : les spécialistes des communications sont également très recherchés. Ce plan prend évidemment du temps pour monter en puissance, mais il est essentiel. Particulièrement orienté vers les conditions de vie et de travail, il a d'abord concentré ses efforts sur les nouveaux matériels livrés, mais il doit aussi porter sur l'autre côté de la piste, c'est-à-dire les infrastructures. L'objectif consiste à gommer l'image des bases aériennes « à deux vitesses ». Naturellement, les efforts entrepris ne règleront pas les problèmes en six mois, en un an ou même sur la durée d'une LPM. Mais ils doivent être constants pour rehausser le niveau général de nos bases aériennes.
Ensuite, ils doivent aussi prendre en compte les familles de nos personnels. Je pense naturellement au plan Famille 2, qui poursuit la démarche du premier plan Famille. Il s'attache à des éléments très concrets, mais les petits ruisseaux font les grandes rivières. En additionnant ces éléments, nous allons pouvoir améliorer notre fidélisation. Je pense notamment à Mut'action, une offre sur-mesure d'accompagnement de la mobilité géographique en région parisienne. En effet, la mutation en région parisienne est souvent mal vécue par les personnels militaires. Cette offre vise précisément à mieux les accompagner dans leurs démarches de déménagement. Elle poursuit une politique déjà entamée il y a quelques années.
Un certain nombre de crédits sont dirigés vers la création de crèches et de facilités pour les familles, particulièrement lorsque le conjoint est en opération. Pour l'armée de l'Air et de l'Espace, cette démarche a aboutie récemment à Mont-de-Marsan et se poursuivra en 2024 à Évreux. Nous cherchons également à plus impliquer les familles dans la vie des unités. L'hébergement et, évidemment, le logement, font l'objet d'un effort particulier. En 2024, des chantiers de construction de logements interviendront à Rochefort, à Orange, à Lyon, en plus des rénovations majeures à Tours et à Mont-de-Marsan.
Afin d'améliorer le recrutement, la direction des ressources humaines de l'armée de l'Air et de l'Espace est résolument entrée dans le XXIe siècle. Nous avons ainsi modernisé notre campagne de recrutement, en l'orientant bien plus vers les réseaux sociaux et les outre-mer, lesquels constituent un grand vivier de recrutement, notamment pour les militaires du rang. De fait, nous nous adaptons en fonction des bassins et des populations. Le DRH me dit par exemple que les premiers contacts de ses services avec les jeunes interviennent pendant leurs parties de jeux, entre minuit et quatre heures du matin.
De la même manière, nous adaptons la formation et mettons l'accent sur le numérique. Cette démarche est à l'œuvre dans toutes les écoles de l'armée de l'Air et de l'Espace. Accessoirement, elle nous a permis de tenir le rythme durant l'épisode Covid, grâce aux moyens numériques, à la formation à distance. Nous n'aurions pas pu y arriver devant un tableau blanc. Nous créons de nouvelles classes, en fonction des métiers que nous devons fournir, en particulier sur les systèmes numériques. Nous avons ouvert une classe de bac pro numérique l'année dernière à Saintes et nous ouvrons la deuxième cette année. L'objectif consiste ici à créer des viviers et à nous adapter, non seulement à la capacité de l'école, mais surtout aux besoins de l'armée de l'Air et l'Espace, pour pouvoir former aux métiers de demain.
Nous préparons les Jeux olympiques, en particulier à travers la lutte anti-drones. L'armée de l'Air et de l'Espace a en effet été désignée comme coordinateur global de la lutte anti-drones. J'estime que cette désignation est logique : la lutte anti-drones constitue l'extension par le bas de la posture permanente de sûreté aérienne, que nous dupliquons à une échelle plus petite et à une vitesse plus petite. Mais les mêmes mécanismes sont en jeu, puisqu'il s'agit de détecter, d'identifier et d'intervenir sur des objets qui n'ont pas à être dans un espace donné.
Aujourd'hui, nous testons cette lutte anti-drones avec les forces de sécurité intérieure, avec les armées, chacune ayant ses dispositifs. L'atout de l'armée de l'Air et de l'Espace réside dans sa capacité à organiser la chaîne de remontées d'informations, de prise de décision et de renvoi des ordres. Chacun apporte ainsi sa plus-value au système. Nous utilisons cette expertise actuellement à l'occasion de la coupe du monde de rugby, mais il faudra significativement franchir un cap pour les Jeux olympiques, d'un point de vue quantitatif.
Un événement comme le 14 juillet nécessite le déploiement d'une vingtaine d'heures de lutte anti-drones sur un seul site ; la coupe du monde de rugby, deux-cents heures sur neuf sites et les Jeux olympiques, quatre mille heures sur quarante-deux sites. Nous allons donc devoir procéder à un changement d'échelle, de manière à être efficaces sur l'ensemble des sites que nous devrons couvrir. Nous sommes aujourd'hui sur la bonne voie en matière de détection et d'identification, y compris avec le système Parade, qui fait l'objet actuellement d'expérimentations pendant la coupe du monde de rugby. Nous disposons ainsi de brouilleurs de différentes tailles et nous développons des capacités d'intervention, soit à partir d'armes à énergie dirigée, soit à partir de laser, soit à partir de drones, qui eux-mêmes interceptent les drones qui n'ont pas à se trouver dans une zone donnée.