Monsieur le député, je pourrai répondre à votre question sur le Niger dans le cadre de l'audition à huis clos. Cependant, je peux vous indiquer que l'armée de l'Air et de l'Espace réfléchit depuis des années à des projections à distance. Les Caracal de l'armée de l'Air et de l'Espace sont ravitaillables en vol. L'armée de l'Air et de l'Espace a fait le choix d'agir loin, y compris avec ses hélicoptères. Nous effectuons régulièrement des missions qui nous permettent d'obtenir des effets à distance, en décollant depuis l'Hexagone. Ces missions peuvent concerner par exemple des sauts de parachutistes au milieu de l'Afrique ou des livraisons par air au départ de la métropole. Notre capacité d'action depuis l'Hexagone ne cesse de s'améliorer. Nous devons choisir et consolider nos points d'appui. À ce titre, nos outre-mer constituent une ressource extraordinaire, qui a d'ailleurs été mentionnée dans la LPM.
L'armée de l'Air et de l'Espace se place en situation d'agir à longue distance pour répondre à ces défis, dans tous les secteurs de jeu. À l'occasion de Pégase, des Airbus MRTT singapouriens ont décollé de Singapour pour ravitailler les Rafale français qui poursuivaient leur projection. Nous travaillons au quotidien pour être capables d'agir plus loin, plus vite, plus fort. Nous construisons un modèle qui nous permet d'être plus actifs à plus longue distance.
S'agissant du SCAF ou du Rafale F5, les questions de souveraineté sont évidemment essentielles, a fortiori lorsqu'elles concernent la dissuasion. Au sein du SCAF, le système d'armes de prochaine génération (NGWS) constitue la partie commune à la France, l'Allemagne et l'Espagne. De part et d'autre du NGWS, il existe une partie allemande – le FCAS – et une partie française à l'intérieur du SCAF. Chaque pays dispose donc de particularités. Dans le périmètre global de l'aviation de chasse de demain, il y aura des Rafale du côté français et des Eurofighter du côté allemand. Des systèmes doivent donc permettre d'échanger avec le NGWS. Les Allemands ont choisi d'utiliser IBM pour la partie allemande. Notre travail consiste à nous assurer que la liaison n'affectera pas les données de souveraineté de la partie française.
Mais nous avons l'habitude d'agir de la sorte. Le MRTT embarque ainsi des dispositifs de dissuasion, qui ne sont montés que lorsque nous réalisons une mission de dissuasion et qui sont retirés lorsque ce n'est pas le cas. En résumé, je ne suis pas très inquiet, mais nous serons naturellement attentifs, afin d'éliminer tout mélange de genre.
Ensuite, je suis ouvert à toutes les coopérations sur le développement du Rafale, dès lors que nous parvenons à faire converger les besoins opérationnels. Un certain nombre de pays utilisent le Rafale et ils sont naturellement intéressés par le développement d'un standard, lequel n'est pas exclusivement dédié à la dissuasion. La même logique que celle du MRTT s'applique ici. Le socle de base, qui porte sur la capacité d'autoprotection et de détection, sera amélioré et partagé avec un certain nombre de pays. En revanche, le Rafale comportera également des objets de la dissuasion, qui ne se seront pas partagés. Mais, ici aussi, je ne suis pas inquiet : nous savons gérer cette complexité.
Vous avez évoqué le Red Air. Nous devons gérer la fin de vie de l'Alphajet, qui réalise aujourd'hui un certain nombre de missions, dont des missions de Red Air. Nous avons fait le choix d'externaliser, au moins temporairement, cette fonction. Nous agissons de la sorte parce que nous sommes attentifs à la ressource humaine. Je préfère placer des pilotes dans un Rafale pour qu'ils se préparent à des missions de haute intensité et se concentrent sur le cœur de la mission. En revanche, certaines missions comme celle du biroutage, c'est-à-dire de traction d'une cible aérienne au profit de l'entrainement des pilotes de Rafale, peut tout à fait s'appuyer sur l'externalisation. Ce choix, pour l'instant temporaire, me semble raisonnable.
Enfin, l'ambition du rythme de montée en charge des A400M consiste à permettre d'être plus présents dans les outre-mer. À la fin de l'année 2024, nous disposerons au total de vingt-trois A400M, en sachant que l'objectif s'établit au minimum à trente-cinq en fin de LPM. En fonction du nombre d'avions disponibles, nous pouvons imaginer en disposer d'un plus grand nombre à l'extérieur de l'Hexagone, ce qui ne signifie pas qu'ils y seront stationnés en permanence. En effet, un stationnement permanent engendrerait des problématiques spécifiques de maintenance. En 2024, nous devrions pouvoir utiliser des A400M quinze jours par mois et demi dans nos outre-mer ; et à partir de 2027, l'équivalent d'un appareil présent en permanence, toutes choses égales par ailleurs, à situation stable. En revanche, il me semble très optimiste d'envisager d'avoir jusqu'à cinq A400M stationnés de manière permanente en outre-mer. Ponctuellement, cela pourra cependant être envisagé. Dans le cadre de la mission Pégase, ces avions étaient au nombre de quatre, répartis entre la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie.