Mon général, permettez-moi, au nom de mon groupe, de m'associer aux propos du président sur la perte tragique du sergent-chef Nicolas Mazier. Ce drame nous rappelle que la mort n'est pas simplement une hypothèse dans le métier des armes, mais bien une réalité. Je veux également vous témoigner notre fierté après l'exercice Pégase, qui a fait rayonner la France, mais aussi l'armée de l'air et de l'espace à travers le monde, et plus particulièrement en Indopacifique.
La gestion de crise est inhérente au monde militaire. Nos armées n'échappent pas à ce constat et le retrait, encore un, de notre contingent de 1 500 hommes au Niger représente un défi de plus. La crise en cours appelle à réinterroger complètement notre politique en Afrique, notamment dans sa dimension militaire.
Pour l'armée de l'air et de l'espace, les enjeux sont immédiats, compte tenu du défi logistique qu'implique l'évacuation du Niger. Sur le moyen et le long terme, se pose également la question de notre capacité de déploiement au Sahel, d'autant plus que la vague de coups d'État pourrait continuer et encore affaiblir notre présence dans la région.
Ces retraits signifient que nous disposerons de moins de points d'appui, qui sont pourtant indispensables à l'armée de l'air et de l'espace pour la bonne réalisation de ses missions. Dans le cadre de cette audition budgétaire générale, les parlementaires doivent avoir l'assurance que l'armée que vous commandez dispose des moyens pour faire face à ces multiples défis. Au-delà de l'Afrique, la crédibilité de nos armées, comme la voix de la France et de sa souveraineté est également en jeu dans les choix politiques et économiques que nous effectuons.
Je pense notamment à la question de la souveraineté du cloud. Les choix récents de l'Allemagne quant à l'intelligence artificielle collaborative sur le système de combat aérien du futur (SCAF) la conduisent à s'appuyer pour partie sur une filiale allemande du géant américain IBM. Pourtant, Dassault a pour ambition de développer un programme de cloud sécurisé et souverain pour les projets de défense de nouvelle génération. Certes, les militaires n'ont pas à répondre des choix politiques français ou allemands. Mais le Rassemblement national tient à dénoncer ce renoncement idéologique et cette aberration.
Un autre enjeu de souveraineté porte sur le développement de la partie conventionnelle du standard du Rafale. D'éventuelles coopérations sont-elles envisagées et si tel est le cas, vont-elles garantir notre souveraineté alors que Rafale F5 a vocation à être le vecteur du nouveau missile de la composante nucléaire aéroportée, l'ASN4G, à l'horizon 2035 ? Dans ce cadre, des transferts de technologie seraient fatals à nos industries.
Par ailleurs, mon général, en tant que rapporteur du budget de l'armée de l'air, je souhaiterais obtenir une précision sur l'A400M. Dans la communication relative au PLF que nous avons reçue de la part du ministère, cinq appareils sont mentionnés dans la partie consacrée aux outre-mer. Selon la presse, ils seraient susceptibles d'être affectés à la couverture permanente de nos territoires ultramarins. Pouvez-vous nous fournir des précisions à ce sujet ?
Enfin, j'ai pu observer dans le projet annuel de performance (PAP) que vous allez contracter avec une société pour le Red Air. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quelle sera cette société ? Quels seront les échéances et les coûts associés ? Ne s'agit-il pas d'un aveu de faiblesse ?