Nous pouvons revenir sur les civils afin de vous donner plus de chiffres, Madame la ministre. J'ai dit tout à l'heure qu'il y avait 5 000 emplois civils à pourvoir, dont 888 nouveaux. La différence tient à l'effet des départs et des emplois devenus vacants. Nous allons parvenir à pourvoir ces 888 emplois qui figurent dans le schéma d'emploi 2023. La note d'ambiance n'est donc pas la même que pour le personnel militaire.
Je peux vous donner des illustrations un peu plus qualitatives. Aujourd'hui, parmi les quelque 62 000 personnes qui composent le personnel civil, il y a 38 000 fonctionnaires, 12 500 contractuels et 11 500 ouvriers d'État. Sur la dernière période de référence, nous avons recruté plus de contractuels que de fonctionnaires.
Pour vous donner des éléments un peu froids et non chargés idéologiquement, il y a ce que la loi et les textes rendent possible ou encouragent en matière de transformation de l'emploi public. Je pense notamment à la loi de 2019. Dans la jeunesse, qui constitue le vivier dans lequel nous cherchons prioritairement à recruter, nous constatons une forme d'indifférence à la question des statuts, voire une forme d'aversion à la condition de fonctionnaire ; ce qui est contre-intuitif. Ça constitue tout de même un renversement des tendances culturelles.
Nous pourrions engager une discussion, mais croyez-moi sur parole, l'argument du statut est presque contre-productif avec les jeunes que nous cherchons à attirer. L'idée qu'une mission ait une durée déterminée n'est pas du tout perçue comme un point négatif. Par ailleurs, dans certaines spécialités professionnelles où on trouve beaucoup d'ouvriers d'État, notre politique cherche l'utilité du ministère. À ce titre, nous recrutons dans les 21 spécialités professionnelles des ouvriers d'État.
Il n'y a donc pas de parti pris de type idéologique, mais une approche pragmatique liant nos recrutements aux besoins. Nous prenons acte de notre compréhension de l'état et des tendances du marché. Dans ce cadre-là, nous nous efforçons d'attirer et de fidéliser les ressources humaines dont nous avons besoin. On développe des sujets tels que la marque employeur « Civils de la défense ». L'idée selon laquelle la contribution des civils est importante, voire décisive, y compris dans le renseignement et les métiers de la cyberdéfense, fait véritablement l'objet d'une démarche systématique.
Nous en tirons des conséquences, y compris sur le plan salarial, avec 20 millions d'euros de mesures catégorielles pour les civils. Ça a augmenté de manière incrémentale à 35 millions en 2023, puis à 36 millions en 2024. Dans les budgets qui se suivent, on finance également la progression de carrière des agents contractuels en prévoyant des avenants pour augmenter leur rémunération.
En revanche, la question de la rémunération ne disparaît pas complètement du champ mental. Compte tenu de la masse critique atteinte par le personnel contractuel, nous nous retrouvons à devoir financer chaque année une mesure budgétaire significative permettant de prendre acte et d'accompagner leur développement de carrière. Nous nous y consacrons avec beaucoup de soin.
Madame Darrieussecq a fait référence aux lycées militaires et aux formations, y compris pour les techniciens supérieurs. Nous sommes plutôt dans une phase de réflexion qui va déboucher sur un développement de cette offre de formation. Il n'y a pas que des prépas post-bac pour les grandes écoles d'ingénieurs ou d'officiers. Le champ couvert est plus vaste et notre intention est de poursuivre son extension.