Vous semblez être le dernier en France, hormis nous, à considérer que le Parlement existe et compte encore. Je pense que tout le monde sera d'accord – et c'est d'ailleurs l'une des leçons qui s'est dégagée de notre rapport sur la politique africaine de la France – sur le fait que l'investissement cognitif – l'investissement intellectuel comme on le disait du temps de M. Renan – est absolument essentiel si l'on souhaite retrouver un discours et une présence véritablement adaptés au monde.
J'ai suivi, comme vous, les modifications, les transformations et la dégradation de l'enseignement, notamment à Sciences-Po, que je regrette profondément. Nous devons entreprendre un effort conséquent au plan intellectuel si nous voulons, en tant que puissance moyenne qui n'est plus la très grande puissance qu'elle était naguère, avoir une juste et pertinente influence. Votre dernière observation, qui s'ajoute à toutes les observations d'un très grand intérêt que vous avez formulées, est absolument cardinale et sera reçue, j'en suis convaincu, par l'ensemble des groupes.
Cher Gilles Kepel, je vous remercie. Une fois de plus, je ne suis pas déçu de vous avoir invité. Vous êtes ici chez vous, et je suppose que vos éclairages seront toujours nécessaires car la situation ne risque pas de s'améliorer.