Lors de la guerre de Gaza de 2014, vous déclariez, monsieur Kepel : « Plus Israël réplique, et plus le Hamas remporte une victoire symbolique et politique. » Vous ajoutiez que les images terribles des morts civils gazaouis scandalisaient la communauté internationale, galvanisait le Hamas et le confortait dans son rôle de résistant palestinien, tandis qu'Israël accroissait son isolement.
Tout récemment, Benzi Sanders, un ancien soldat israélien qui a participé à cette guerre, est sorti du silence. Sanders se souvient d'avoir été déployé, avec son unité, dans le Nord de l'enclave palestinienne pour aider à localiser et détruire les tunnels du Hamas. Il se souvient qu'on lui avait certifié qu'il n'y avait plus de civils. Il avait ensuite découvert des cadavres et des personnes qui n'avaient pas pu fuir. Il se souvient que son unité avait dû se replier et que l'aviation israélienne avait répliqué en rayant pratiquement le quartier de la carte. Sanders s'est beaucoup interrogé sur le sens de tout cela. Il se disait qu'en éliminant le Hamas, tous ces sacrifices humains auraient valu la peine car, ainsi, Israël aurait gagné en sécurité. Or l'histoire a montré que le Hamas n'est pas mort. Alors, Sanders a compris que la création d'une alternative – et non des actions militaires – était nécessaire pour venir à bout du Hamas. L'alternative, dit-il, c'est la perspective d'indépendance pour les Palestiniens, c'est la fin de l'occupation perpétuelle du territoire palestinien. Or, on n'en a jamais été si loin, comme vous l'avez vous-même dit sur France Info : « M. Netanyahou, otage de ses ennuis judiciaires, a tout cédé à son extrême-droite, avec qui il a noué une alliance en 2022 pour retrouver le pouvoir, en soutenant la colonisation à outrance en Cisjordanie. »
Sanders demande l'aide de la communauté internationale pour faire pression sur le gouvernement Netanyahou. Il estime que si celui-ci ne change pas d'approche, non seulement cette guerre continuera de multiplier les morts, tant du côté palestinien que du côté israélien, mais qu'elle ne mettra pas fin de manière décisive à la terreur.
Le président de la République a pris l'initiative d'organiser, demain, une conférence humanitaire internationale pour la population civile à Gaza. Or nous comprenons bien que la réponse ne peut se contenter d'être humanitaire et qu'elle doit être également politique. Comment le président Macron pourrait-il, selon vous, faire de cet évènement un réel appui pour les Israéliens et les Palestiniens, qui espèrent un avenir où chacun s'épanouirait enfin ?