Merci au professeur Kepel d'avoir partagé son expertise très utile pour appréhender la situation, en particulier en cette période où fleurissent les experts de pacotille. Il est intéressant d'entendre le point de vue d'un vrai spécialiste.
Un mois s'est écoulé depuis l'attentat du groupe terroriste Hamas, qui a ôté la vie à 1 400 personnes, majoritairement des civils, dont quarante de nos compatriotes français. Comme vous l'avez rappelé, des otages sont encore détenus.
Pour répondre à cette attaque et démanteler le Hamas, Israël a initié l'opération Glaive de fer. Bien que le droit d'Israël à se défendre face aux atrocités qu'il a subies est incontestable et même souhaitable, le lourd bilan humain – plusieurs milliers de victimes selon le Pentagone – attise l'hostilité contre Israël. Cette hostilité est alimentée en premier lieu par l'Iran, comme vous l'avez souligné. L'attaque du 7 octobre a, selon vous, mis en attente, et non définitivement arrêté, le rapprochement entre certains pays arabes – comme l'Arabie saoudite – et Israël, ce qui est une victoire pour le Hamas et l'Iran. Peut-être pourriez-vous nous dire quelles étapes pourraient être attendues pour la reprise de ce processus ?
Le déploiement significatif de la puissance militaire des États-Unis dans la région, avec notamment deux porte-avions et des sous-marins, a jusqu'à présent permis de contenir – c'est du moins ce que je comprends – le risque d'escalade du conflit dans la région. Néanmoins, pensez-vous que l'absence d'une trêve humanitaire conjuguée à l'augmentation des victimes civiles pourrait être de nature à précipiter la région dans un embrasement plus vaste ? Quelles hypothèses pouvons-nous dégager par rapport à cet embrasement que tout le monde redoute ? Quelle pourrait être, selon vous, la première étape de cet embrasement ?
Enfin, quelle doit être, de votre point de vue, la position que la France et la communauté internationale doivent adopter à ce stade du conflit pour amorcer une accalmie, ou mieux, un apaisement ?