D'ailleurs, les contrôleurs aériens en sont parfaitement conscients. S'il s'agit d'un des derniers services publics qui a gardé toute sa noblesse et si leurs revendications sont finalement peu nombreuses aujourd'hui, c'est bien parce que, chaque fois qu'ils se sont mis en grève, ils ont obtenu gain de cause.
Instaurer un service minimum, c'est déjà s'attaquer au droit de grève. Dans le privé, par exemple, il est interdit de remplacer un salarié gréviste. On le fait dans le service public pour des questions de sécurité. Or les contrôleurs aériens sont chargés d'une mission de sécurité. Si nombre d'entre eux se sont mis en grève au cours des trente dernières années, c'est justement parce qu'ils souhaitaient continuer à exercer leur métier en toute sécurité. C'est cet engagement qui donne à ce métier, que je connais fort bien, ses lettres de noblesse. C'est aussi pour cette raison que nos contrôleurs aériens représentent un exemple hors de nos frontières.
Lorsqu'on détricote le service public, par exemple dans le secteur ferroviaire, comme on a pu l'observer notamment en Grande-Bretagne, en portant atteinte aux conditions de sécurité, par exemple au niveau des postes d'aiguillage, on s'aperçoit que des accidents gravissimes se produisent.
Par conséquent, lorsque les contrôleurs aériens se mettent en grève, écoutez leurs revendications. C'est ainsi que nous pourrons avancer.
En fait, vous traitez un autre sujet. Le fond du problème, ce n'est pas que les contrôleurs se déclarent quarante-huit heures avant la grève : ce qui compte pour vous, c'est que les avions continuent à voler pour que les compagnies aériennes continuent à se faire de l'argent.