Peur du débat, peur des Français, peur de la contradiction. À mille lieues de tout changement de cap, vous justifiez ce nouveau passage en force en mobilisant les pires mensonges. En déclenchant ce seizième 49.3, vous avez déclaré, madame la Première ministre : « Nous ne pouvons pas priver la France d'un budget. » À vous entendre, faute de majorité absolue, le 49.3 serait inéluctable pour pouvoir payer nos fonctionnaires ou faire fonctionner nos hôpitaux.
Même si vous vivez dans le délire de la start-up nation, sachez qu'en France, il n'y a pas de government shutdown à l'américaine : vous le savez très bien, madame la Première ministre ! Notre Constitution étant bien faite, elle prévoit justement un dispositif permettant, en l'absence de vote, d'adopter le budget par ordonnance afin d'assurer la continuité de la vie de la nation. En aucun cas, la France ne pourrait être un jour privée de budget. Rien ne justifiait donc l'engagement de la responsabilité du Gouvernement, quelques heures seulement après le début des débats sur cette deuxième partie du PLF.
Puisque nous en sommes à évoquer les mensonges, je souhaite répondre à Mme Louwagie du groupe Les Républicains, qui se cache en permanence derrière son petit doigt et déforme la Constitution en faisant croire que voter une motion de censure créerait de facto un gouvernement alternatif, composé de l'ensemble des oppositions ayant voté la motion de censure. Or vous savez très bien, madame Louwagie, qu'il s'agit simplement de provoquer la démission de la Première ministre. Quelle tristesse de vous voir travestir notre Constitution le jour anniversaire de la mort de son fondateur !