Intervention de Mathieu Lefèvre

Séance en hémicycle du jeudi 9 novembre 2023 à 22h00
Motion de censure — Discussion et vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathieu Lefèvre :

Aucun de ceux qui auront ce soir inséré un bulletin « oui » dans l'urne ne pourra plus prétendre qu'il défend nos policiers et gendarmes, nos greffiers, nos magistrats, nos militaires ; il en sera réduit à expliquer à ses électeurs comment, au moment où notre pays est menacé à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières, il a refusé de doubler les moyens alloués aux armées depuis 2017, de créer 200 brigades de gendarmerie et 15 000 places de prison – mais n'en est pas moins du côté de l'ordre.

Allez comprendre pourquoi nos collègues du groupe Écologiste veulent censurer le meilleur budget de ces vingt dernières années en matière de transition écologique : personne avant nous n'avait prévu de consacrer à celle-ci 40 milliards d'euros. Faut-il aller plus loin ? Très certainement. Faut-il, sous prétexte que ce n'est pas assez, biffer d'un trait de plume cet effort inédit en faveur de la rénovation énergétique des logements privés, des bâtiments d'État, des écoles, ces moyens exceptionnels alloués à la protection des forêts, à la biodiversité ou encore au verdissement du parc automobile ? Votre posture politique, dans laquelle vous êtes d'ailleurs de moins en moins nombreux à persister – quatre-vingt-neuf voix en faveur de la précédente motion de censure –, consiste uniquement à dire non, trois fois non, à des progrès que les majorités que vous avez soutenues n'ont jamais été en mesure de proposer. C'est, je le crains, une impasse.

Cette majorité-ci, mes chers collègues, préfère persévérer dans la responsabilité et faire profiter les Français de politiques concrètes plutôt que de s'enfoncer dans le « pas assez » et le « toujours plus ». Ces avancées sans précédent ont pour corollaires la bonne gestion de nos deniers publics et la certitude que tout ne procède pas du huis clos de l'État, que nous devons ces progrès collectifs aux efforts des Français qui entreprennent, aux salariés, aux professionnels libéraux, aux agents publics, à tous ceux qui croient, contrairement à vous, que le travail a le pouvoir de transformer la réalité. J'ai dit que vous rêviez, peut-être même que vous croyiez à un monde sans contraintes, un monde dans lequel l'endettement n'aurait d'autres limites que celles de votre imagination lorsqu'il s'agit de dépenses. Peut-être votre politique économique est-elle plus complexe que cela : je veux bien l'admettre, car, à en juger par vos amendements, vous n'êtes pas tous mélenchoniens – vous ne considérez pas tous que la dette n'est qu'un épouvantail et qu'il suffirait, pour régler le problème, de ne pas rembourser. Sinon, pourquoi chercheriez-vous à compenser votre frénésie dépensière par une frénésie fiscale, à remédier au déséquilibre budgétaire que créeraient vos mesures en prétendant que le Gouvernement se priverait à dessein de taxer ici les milliardaires, là les ouvriers qui effectuent des heures supplémentaires ? Si la dette ne représentait rien pour vous, pourquoi adosseriez-vous vos projets de dépenses à la perspective de recettes aussi mirifiques qu'illusoires ? N'étant pas dépourvus de surmoi budgétaire, vous savez bien que ce n'est pas ainsi qu'il faut procéder et que l'endettement se paie toujours – aujourd'hui par l'impératif du sérieux budgétaire, demain, si vous étiez au pouvoir, par l'austérité, comme en Grèce il n'y a pas si longtemps.

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