Plus égoïstement, je dois admettre que ces 49.3 à répétition sont également désespérants pour nous, les parlementaires, qui voyons notre travail réduit à néant. Pour préparer l'examen de ce budget, nous avons auditionné des centaines d'organismes afin de faire remonter leurs attentes et leurs problèmes ; tout cela pour rien. Pour ma part, en tant que co-rapporteur spécial – ainsi que mon collègue Jean-Marc Tellier – du budget de la mission relative à la recherche, j'ai entendu près d'une vingtaine d'organismes, dont le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l'Agence nationale de la recherche (ANR), l'Institut Paul-Émile Victor pour la recherche polaire ou encore l'Institut national du cancer, ainsi que des syndicats de chercheurs. Tout ce travail d'écoute, de concertation et d'intelligence collective n'a finalement abouti qu'à la décision, prise dans la solitude d'un bureau gris de Bercy, de rejeter des amendements pourtant votés en commission, voire en séance, et, ce qui est encore pire, de sortir du chapeau des mesures nouvelles.
Nous nous demandons à quoi bon travailler, à quoi nous servons ; les Français se le demandent aussi, et ils n'ont pas totalement tort.
Vous ferez observer que vous avez retenu 550 amendements en tout. D'accord, mais combien avaient été déposés par la majorité et combien par les oppositions ? Surtout, ces amendements n'ont pas été choisis par un vote, mais par un fonctionnaire, par un conseiller ministériel ou à la suite de négociations de dessous de table, sans vote. C'est l'antidémocratie. Quand ils ont entendu parler de l'amendement Fifa, combien de nos concitoyens se sont dit, encore une fois, qu'ils vivaient dans la république des coquins et des copains ?