Intervention de François Ruffin

Réunion du mardi 13 septembre 2022 à 14h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Nous avons vécu une rentrée sous pénurie, avec un manque d'auxiliaires de puériculture dans les crèches, de conducteurs de bus, d'accompagnants d'enfants en situation de handicap et d'enseignants. Le journal Les Échos a dressé une liste des filières où le personnel fait défaut – soignants, forgerons, pharmaciens, analystes de données, menuisiers, mécaniciens, aidants, couvreurs zingueurs. Pourquoi ? D'après vous, parce qu'il y a trop de droits, et donc que certains préfèrent le chômage. La solution que vous proposez, c'est de flexibiliser et de fluidifier, pour que le cariste de Maubeuge devienne serveur à Cannes. Les droits à l'assurance chômage feront l'objet d'une cotation – une sorte de bourse avec un algorithme.

Pour nous, la raison est plutôt que vous maltraitez le travail depuis quarante ans. Vous l'avez réduit à un coût qui doit être baissé, parce que le travail est une simple marchandise. Un collègue soutien du Gouvernement se demande pourquoi les intérimaires ne pourraient pas pallier le manque d'auxiliaires de vie pour les personnes âgées. Mais pourquoi manque-t-on d'auxiliaires de vie ? Peut-être parce qu'ils travaillent deux heures le matin et deux heures le soir, avec une énorme amplitude horaire et 800 euros à la fin du mois !

Emmanuel Macron avait déclaré : « Il nous faudra nous rappeler aussi que notre pays, aujourd'hui, tient tout entier sur des femmes et des hommes que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal. » Je vous conseille de lire, si ce n'est déjà fait, le rapport de la mission d'accompagnement des partenaires sociaux dans la démarche de la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne remis à votre prédécesseur, Mme Borne. Il montre que cinq millions de travailleurs absolument essentiels dans notre pays sont maltraités, que ce soit sur le plan des salaires, des horaires ou du type de contrat qui leur est proposé. Qu'est-ce qui a changé pour les femmes de ménage, les auxiliaires de vie et les travailleurs de l'industrie agroalimentaire ? Rien ! Votre boulot, monsieur le ministre, devrait être de construire un statut et d'assurer un revenu pour ses cinq millions de travailleurs. Il faut simplement que les Français puissent vivre de leur travail.

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