Quel programme vertigineux, monsieur le ministre ! D'après le président du MEDEF, il faut d'abord faire la réforme de l'assurance chômage, puis engager les concertations sur la réforme des retraites à l'automne. Ses désirs sont les vôtres... Prenant appui sur l'existence de métiers en tension et craignant la légère amélioration du rapport de force dans l'entreprise en faveur des salariés, vous poussez les feux de la régression sociale. Votre promesse de plein emploi est un trompe-l'œil : en réalité, c'est pour vivre mieux, vivons plus mal ! Votre réforme de l'assurance chômage est une étatisation brutale, qui démet à nouveau les acteurs sociaux. Vous demandez au Parlement de vous donner carte blanche sans afficher précisément vos intentions. Vous dites qu'il faut rendre le système d'assurance chômage plus incitatif, c'est-à-dire moins protecteur, donc faire du chômage une épreuve plus terrible encore. C'est toujours la même idée : les chômeurs ne voudraient pas « traverser la rue » parce que l'indemnisation serait trop douillette ! Votre précédente réforme aurait fait passer la proportion de privés d'emploi indemnisés de 42 % à 36 %, pour une allocation moyenne de 1 000 euros, et les métiers en tension n'ont pas disparu...
Il faut garantir le droit à l'assurance chômage, acquis par le travail et la cotisation, dans un monde où les carrières sont plus discontinues qu'auparavant. Il faut agir sur la qualité de l'emploi, des salaires et de la formation, ainsi que sur l'égalité professionnelle et la qualité du travail, en crise profonde. Nous ne voulons pas de droits yoyos : la protection sociale n'est pas une variable d'ajustement de la conjoncture.
Monsieur le ministre, quelles modifications entendez-vous imposer à l'assurance chômage ? À quelle sauce comptez-vous manger le droit à la retraite ? Voulez-vous le faire dès l'examen du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale ? Vous présentez les choses sous un jour trompeur, en dénigrant notre système de retraite, mais le pays, d'ores et déjà soumis à des défis considérables, ne veut pas de régression nouvelle. Les impatiences du Président de la République et ses exigences envers le pouvoir législatif n'y changent rien. Votre rentrée antisociale m'inspire un profond sentiment de révolte. Renoncez à vos coups de force contre nos droits sociaux !