Monsieur le ministre, votre obsession pour le plein-emploi n'oublie qu'une chose : la réalité vécue par les demandeurs d'emploi, qui s'est aggravée en raison des lois de dérégulation adoptées depuis cinq ans. Votre vision est déconnectée des 41 % d'inscrits à Pôle emploi qui ne sont pas indemnisés. Avec la multiplication des formes alternatives de contrat de travail, telles que les plateformes et l'auto-entrepreneuriat, le chômage est devenu intermittent. Comment en tenez-vous compte dans vos réformes ?
Vous oubliez aussi une autre catégorie de demandeurs d'emploi – en fait, un peu plus de la moitié : les demandeuses d'emploi, que vous n'avez évoquées que par le biais de leurs familles. Dans le Calvados, comme partout en France, les associations qui les accompagnent déplorent deux ordres de problèmes. Le premier, c'est la mobilité, dont je ne vous ai pas entendu parler. Martine, âgée de 50 ans, a quitté la région parisienne. Elle perçoit alternativement salaire et RSA depuis 2018. Elle doit régulièrement refuser des offres d'emploi faute de pouvoir payer les trajets. De surcroît, son RSA n'est jamais versé dans les délais car elle attend plusieurs mois ses bulletins de salaire. La réforme de l'assurance chômage a aggravé sa situation. Le second problème, c'est la politique d'accueil des jeunes et des enfants, qui éloigne les femmes de l'emploi. Je prendrai encore un exemple : cette femme de ma circonscription, âgée de 38 ans, victime de violences conjugales, qui a mis cinq ans à se séparer de son compagnon. Mère d'un enfant, elle n'arrive pas à gérer ses démarches ni à retrouver un emploi.