Monsieur le ministre, vous avez évoqué plusieurs chantiers dont l'objet est de permettre à notre économie de fonctionner, d'améliorer la place du travail et de lui rendre du sens, et de valoriser les métiers. Pas un secteur d'activité économique, quels que soient le domaine, le lieu géographique, la taille et le statut de l'entreprise, n'est épargné par une pénurie de ressources humaines, ce qui place les entreprises en difficulté, freine leur activité, fragilise leur fonctionnement et peut compromettre leur pérennité. Vous défendrez dans quelques jours un projet de loi relatif à ce problème. Il comporte quatre articles, dont deux qui reconduisent des dispositions en vigueur et un qui tire les conséquences d'une décision du Conseil constitutionnel. Un seul, relatif à l'élargissement de la validation des acquis de l'expérience (VAE) au domaine sanitaire, peut permettre d'aller de l'avant.
La vraie question porte sur votre vision de l'assurance chômage. Telle qu'initialement conçue, elle offrait une garantie en cas de sinistre, en l'espèce la perte et la privation d'emploi. C'était une mesure de mutualisation et de solidarité qui corrigeait une perte temporaire. Dès lors que le chômage, depuis plusieurs décennies, est un phénomène massif et de longue durée, l'esprit même de l'assurance chômage a été dévoyé. Ne faudrait-il pas remettre à plat notre système, quitte à placer la question du sens du travail au cœur de notre action ? Je n'ai pas senti, dans votre vision politique, la volonté d'aller dans cette direction.
S'agissant du dialogue social, je m'interroge sur votre ambition de mener des concertations avec les travailleurs sociaux. Il y a trois questions principales. Quid du halo du chômage, de ces personnes que nous percevons mal ? Quid concrètement de vos décisions en matière d'emploi des seniors : cette question demeurera-t-elle prioritaire dans le cadre d'un allongement de la durée de cotisation ? Et quid de votre volonté d'aller de l'avant en matière d'insertion professionnelle, s'agissant notamment des emplois nécessitant l'utilisation d'outils numériques, qui restent pour l'instant sans solution ?