Nous sommes au carrefour de multiples crises, à commencer par celle du climat et de la biodiversité. Pour produire, nous avons besoin de sols en bon état, d'un climat clément et d'eau. La crise du covid-19 et l'inflation ont encore aggravé la précarité alimentaire. Plus d'un Français sur quatre ne peut pas manger à sa faim aujourd'hui. Enfin, la guerre en Ukraine a remis la souveraineté alimentaire au cœur des débats.
Les assises territoriales de la transition agro-écologique et de l'alimentation durable se sont récemment tenues à Nantes. Elles ont mis en évidence le rôle et la place des collectivités territoriales, notamment lors de l'élaboration des projets alimentaires territoriaux (PAT). Elles ont également formulé des recommandations pour lutter contre la précarité alimentaire et améliorer la situation des agriculteurs, ce qui imposera de relever les défis du foncier agricole.
Du fait de la faiblesse des moyens des collectivités, le plan stratégique national français de la nouvelle PAC, qui représente plus de 9 milliards d'euros par an de crédits européens et nationaux, est notre principal outil pour accompagner nos paysans, planifier la transition agro-écologique, nous adapter au changement climatique, créer de l'emploi et offrir une alimentation durable et de qualité à nos compatriotes. Or, les mesures prévues par ce PSN sont très insuffisantes dans le domaine environnemental ou social malgré d'ultimes arbitrages progressistes obtenus par les organisations paysannes et citoyennes rassemblées dans la plateforme Pour une autre PAC, dont je salue l'engagement. Le cap fixé à notre politique agricole reste inadapté aux défis que nous devons relever. Prenons l'exemple de l'écorégime : vous rémunérez davantage le bio que la certification haute valeur environnementale (HVE) mais la révision de celle-ci ne suffit pas à justifier sa valorisation car sa valeur environnementale demeure trop faible.
Enfin, le PNS ne prévoit pas d'augmenter le budget alloué aux mesures agro-environnementales et climatiques alors qu'elles sont encouragées par la Commission européenne et qu'elles figurent au rang des dispositions prévues par plan Écophyto II + pour accélérer notre abandon des pesticides.
Concernant les aides à l'installation, nous déplorons le décalage entre les ambitions affichées et la part minimale du budget qui leur est alloué. Le renouvellement générationnel est pourtant un prérequis indispensable à la production alimentaire.
Ce plan ne nous permettra pas d'atteindre les objectifs prévus par le pacte vert pour l'Europe ou la stratégie nationale bas carbone.
Vous engagez-vous à débattre de la révision du PSN devant la Représentation nationale ?