Je vous souhaite bon courage – vous n'en manquez pas –, car il y a le feu au lac et vous êtes armée d'une petite cuillère. Ce sont 10 000 entreprises qui sont tombées en défaillance pendant la première moitié de l'année en cours, soit 50 % de plus qu'au premier trimestre 2021, et le nombre de PME en situation de fragilité accrue dépasse les seuils de 2019. En évoquant le mandat de négociation avec Bruxelles, vous avez reconnu à demi-mot combien vous êtes peu armée, malgré votre volonté : il s'agit de demander l'autorisation de venir au chevet de ce qui représente notre souveraineté industrielle, de ce qui fait l'identité de nos territoires et la sève de notre économie réelle.
L'énergie n'est pas une marchandise. Tant que nous n'aurons pas un État qui protège, qui assure des tarifs vraiment régulés – 15 % de hausse, c'est trop pour les PME –, nous n'aurons pas résolu le problème. La crise actuelle fait pourtant suite à une précédente qui avait montré notre niveau de dépendance aux matières premières, dont les prix ont explosé sans que nos petites et moyennes entreprises et industries puissent répercuter cette hausse sur leurs clients ultimes.
Une dernière question, que j'ai posée à votre collègue Roland Lescure sans vraiment obtenir de réponse, concerne l'interdépendance entre les grands donneurs d'ordres et leurs sous-traitants, notamment les PME-PMI. Les donneurs d'ordres considèrent désormais qu'ils doivent réduire leur dépendance à l'égard d'un seul fournisseur – en dessous de 30 %, me dit-on. Du jour au lendemain, des Safran, des Thales, des Renault – dont l'État est pourtant actionnaire – décident ainsi de ramener de 30 % à 15 % leur seuil de commande à leurs sous-traitants, ce qui asphyxie ces derniers, à l'image, dans ma circonscription, de la fonderie Sival, malgré son savoir-faire. Quand créerons-nous des souverainetés nationales à l'allemande, avec de grosses boîtes prenant soin des petites ?