Intervention de Davy Rimane

Séance en hémicycle du lundi 6 novembre 2023 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2024 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDavy Rimane :

Au risque de me répéter – car nous avons eu le débat en commission –, je vais exposer mes différentes réserves sur cet amendement. Tout d'abord, on ne sait pas d'où viennent les chiffres qui sont donnés.

Ensuite, il existe un problème politique majeur, c'est que l'État souhaite uniquement contenir l'orpaillage illégal, empêcher son développement. Nous avons demandé au Gouvernement de passer à l'étape suivante, c'est-à-dire l'éradication, mais la volonté politique n'existe pas encore.

D'autre part, vous souhaitez ajouter 4,5 millions destinés à la location d'hélicoptères privés afin de projeter les troupes. Or les forces de gendarmerie – les premières, avec les forces armées, mobilisées dans ce cadre – demandent non pas la location d'hélicoptères privés mais l'achat d'un second hélicoptère, ce qui offrirait une capacité de projection autonome, à tout moment et sur l'ensemble du territoire.

J'ajoute un élément important : la Guyane, à travers les services régaliens de l'État, ne pourra éradiquer le problème à elle seule. Les discussions avec le Suriname, à l'ouest, dans le cadre du conseil du fleuve Maroni, avancent bien, un travail conjoint est mené. En revanche, le dialogue entre la France et le Brésil, à l'est, dans le cadre de la commission mixte transfrontalière, a été amorcé mais n'a pas encore abouti car la situation est plus complexe de ce côté-ci. Ne me demandez pas pourquoi, je ne suis pas dans le secret de la diplomatie française.

En tout cas, le problème de l'orpaillage illégal ne pourra être réglé que si, premièrement, des moyens de projection aérienne sont réellement déployés, deuxièmement, les moyens humains et matériels suivent et, troisièmement, un accord tripartite est signé entre la France et les pays voisins, le Suriname et le Brésil.

Je le répète, jusqu'à présent, la volonté de la France n'est pas d'éradiquer mais de contenir ce phénomène. C'est une question fondamentale.

Comme je l'ai dit en commission, nous ne sommes pas favorables à cet amendement qui vise à donner davantage d'argent mais qui ne réglera pas le problème de fond. Or l'État doit se donner les moyens d'agir en profondeur.

Nous soutenons les forces armées qui accomplissent malgré tout un travail important. Cependant, nous ne mettrons pas fin à ce fléau tant que l'État français ne décidera pas de s'attaquer au fond du problème avec les pays voisins. Là est l'urgence aujourd'hui.

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