Je me réjouis que nous ouvrions ce débat consacré à l'agriculture par une bonne nouvelle : le budget pour 2024 est totalement inédit. Il l'est par la hausse des crédits de paiement qu'il consacre – 23 % de plus que dans la loi de finances initiale pour 2023, qui prévoyait elle-même une augmentation de 1 milliard d'euros par rapport à l'année précédente. Avec environ 25 milliards d'euros de fonds nationaux et européens, la France confirme ainsi sa volonté de demeurer un grand pays agricole.
Ce budget est aussi inédit parce qu'il traduit l'engagement du Gouvernement de faire de cette législature un quinquennat écologique, en y consacrant 1 milliard d'euros : le plan de développement de l'agroforesterie, le pacte en faveur de la haie, la stratégie de réduction du recours aux produits phytosanitaires et le subventionnement du diagnostic d'émissions carbone au moment de la transmission des fermes sont autant d'éléments essentiels pour assurer la pérennité de l'agriculture française.
Ce budget pose ainsi des bases solides pour permettre à nos agriculteurs de réussir la transition écologique et d'atteindre les objectifs que nous nous sommes collectivement fixés à l'horizon 2050.
Le PLF pour 2024 permet d'intensifier la transition écologique avec 1,3 milliard d'autorisations d'engagement prévues, dont 800 millions pour la planification écologique en agriculture et 500 millions pour la forêt, la moitié de ce montant étant consacrée à la stratégie de réduction des produits phytosanitaires. Celle-ci pose, pour la première fois, un cadre méthodique visant à identifier les impasses techniques et à investir dans la recherche et l'innovation afin de développer des solutions alternatives.
Nous devons maintenir un haut niveau de protection des cultures, soutenir les performances économiques et environnementales des exploitations et préserver la santé publique et celle de l'environnement dans la logique dite One Health – une seule santé.
Ce budget est inédit car il permet de nombreuses avancées en matière de souveraineté alimentaire – une notion éminemment importante qui figure dans l'intitulé de vos fonctions, monsieur le ministre.
Je tiens à saluer tout particulièrement le plan en faveur de la souveraineté alimentaire qui mobilisera 200 millions d'euros, dans la continuité de ce qui a été accompli dès cette année pour les fruits et légumes dans le cadre du plan de relance. L'objectif est de gagner cinq points de souveraineté dans cette filière dès 2030.
Je salue également la poursuite de la stratégie nationale pour le développement des protéines végétales. Une enveloppe de 100 millions y est dédiée, pour atteindre notre objectif de doublement de la surface cultivée, accompagner la diversification des usages tout en réduisant les importations de produits moins-disants sur le plan environnemental.
Aussi avez-vous récemment annoncé un plan de reconquête de la souveraineté de l'élevage, qui rappelle le rôle indispensable des éleveurs pour notre agriculture et nos campagnes. Vous avez insisté sur la nécessité d'une juste rémunération de leur travail, à l'heure où cette filière entrevoit des difficultés à susciter des vocations. Il sera utile de revenir sur ce point durant nos débats. Nous avons besoin d'élevage en France : sans lui, point de fumure pour les sols et les cultures végétales.
Nous serons à vos côtés pour défendre des mesures fortes en faveur de la souveraineté de ce secteur. Par ailleurs, monsieur le ministre, je sais que, comme nous, vous êtes attaché au bien-être animal, lequel n'est pas incompatible avec l'élevage.
Si ce budget est marqué par des mesures environnementales fortes, comme l'a annoncé le Président de la République en septembre 2022, l'année 2024 nous permettra également d'examiner le projet de loi d'orientation et d'avenir agricoles qui portera sur deux priorités : l'orientation et la formation ainsi que l'installation et la transmission. Saluons à cet égard la création d'un fonds Entrepreneurs du vivant, doté de 400 millions, pour soutenir le portage du foncier agricole et favoriser les projets d'installation en lien avec les transitions.
L'agriculture biologique, qui rencontre de grandes difficultés, n'est pas en reste. Les crédits augmentent cette année de 10 millions d'euros, auxquels s'ajoutent 5 millions pour le fonds Avenir bio et 5 millions pour des actions de communication. Comme vous, monsieur le ministre, nous sommes attachés à une agriculture respectueuse de l'environnement et de notre planète. Nous serons attentifs aux difficultés rencontrées comme aux solutions apportées. N'opposons pas nos agricultures.
J'en profite pour saluer le travail de tous les agriculteurs – certains nous écoutent actuellement – car ce sont eux qui nous nourrissent. Le groupe Démocrate, qui connaît votre engagement, vous accorde sa totale confiance, monsieur le ministre, pour soutenir notre agriculture.