Des objectifs budgétaires flous, une loi d'orientation qui tarde à venir, des aides promises aux agriculteurs mais finalement supprimées dans la PAC : le Gouvernement s'embourbe dans une impasse et vous semblez appuyer sur l'accélérateur en patinant toujours plus. Le nombre de paysans ne cesse de baisser et les jeunes n'arrivent pas à s'installer : un plan social massif et silencieux est en cours.
Avec ce projet de budget, vous faites clairement le choix d'abandonner les aides les plus vertueuses : alors que le budget de l'État alloué à l'agriculture augmente globalement, celui dédié aux mesures agroenvironnementales et aux aides à la conversion bio baisse.
Pour ce qui est des Maec, d'abord, vous tentez de justifier leur diminution par un enfumage technique qui ne convainc personne. Comment expliquez-vous que 100 millions d'euros manquent en 2024 pour permettre à l'État d'honorer ses engagements envers les paysans ayant signé un contrat en 2023 ? Lors de l'entrée en vigueur de la nouvelle politique agricole commune en début d'année, ces derniers se sont engagés par milliers dans la transition agroécologique, et c'est heureux : nous devrions les en féliciter.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : à travers les Maec, l'agriculteur s'engage à changer ses pratiques et à agir en faveur de l'environnement et du climat – c'est une bonne nouvelle ! En retour, la communauté nationale s'engage à rémunérer cet effort. Or nous avons appris cet été que l'État sera incapable d'honorer sa part du contrat. Si vous cherchiez à casser davantage la confiance entre l'État et le monde agricole, c'est réussi ! Nous n'aurions pu envoyer pire message aux paysans.
Pourtant, ce manque de financements était prévisible. Les paysans ne doivent pas être les victimes de votre incapacité à construire un budget qui tient la route, monsieur le ministre. Nous sommes nombreux, dans cet hémicycle, à vous avoir alerté pendant des semaines sur le manque de moyens dédiés aux Maec. J'ai écouté les réponses que vous avez apportées à mes collègues : vous renvoyez la balle aux agences de l'eau et aux régions. Vous êtes dans le déni ! Quand on fait une erreur de planification budgétaire en élaborant le PSN, on prend ses responsabilités et on la corrige dans le budget national : on ne tente pas de se défausser en appelant au secours les agences de l'eau et les collectivités territoriales ! Et puis quoi, encore ? Pourquoi ne pas lancer une cagnotte en ligne pour financer les Maec, tant que vous y êtes ?