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Intervention de Sébastien Jumel

Séance en hémicycle du lundi 6 novembre 2023 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2024 — Agriculture alimentation forêt et affaires rurales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSébastien Jumel :

…mais il ne s'intéresse pas réellement à l'avenir de notre pêche artisanale. Résultat : les quais se vident et la France se résout à importer de plus en plus de produits de la mer.

Quid de l'alimentation ? Aucune mesure, dans ce budget, ne vient sérieusement poser la question des prix et de la rémunération des paysans : il ne comporte pas de régulation pour garantir à ceux qui nous nourrissent un prix juste et rémunérateur, tout en offrant aux Français les moyens de se nourrir.

Heureusement, dans des territoires comme le mien, des initiatives voient le jour : à Dieppe, nous avons réduit le prix des cantines en même temps que nous avons recours à des produits du terroir, mais rien n'est fait pour aider les collectivités à faire face à l'inflation d'une manière efficace.

Monsieur le ministre, il nous faut un sursaut, un virage ; c'est urgent. Où est la grande loi d'orientation agricole ? Après qu'elle a été à plusieurs reprises déprogrammée, reléguée au second, voire au troisième, elle arrive, nous dit-on. Alors qu'Emmanuel Macron avait fait beaucoup de promesses en 2017 et que notre agriculture décroche depuis 2016, qu'allez-vous mettre dans ce texte ? Quelles sont vos ambitions pour le foncier et quelles mesures concrètes prévoyez-vous pour freiner l'accaparement des terres, que les sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) peinent, faute de moyens, à enrayer ?

Outre la question du foncier, cette loi ne devra pas faire l'économie d'une réflexion sur la question des prix après les échecs d'Egalim – la loi du 30 octobre 2018 pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous – et de ses avatars, comme la récente loi portant mesures d'urgence pour adapter les dispositions du code de commerce relatives aux négociations commerciales dans la grande distribution. La nouvelle orientation agricole devra reposer la question de la répartition de la valeur, comme elle devra se pencher sur le sujet majeur de la relève des générations, alors que 25 % des chefs d'exploitation ont plus de 60 ans.

Quelles seront vos réponses à ces défis, monsieur le ministre ? Difficile, à cet instant, d'y voir clair. Je veux finir mon intervention en évoquant un tweet de Jean-Paul Dufrègne, qui était député de l'Allier avant de passer la main à Yannick Monnet, réagissant à l'étiquetage d'une viande bovine achetée chez Super U : « Né en Autriche, élevé en Australie, abattu aux USA, découpé en France !! Mais franchement, y a pas de quoi être en colère ? » Oui, il y a de quoi être en colère quand notre élevage est percuté de la sorte.

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