La nouvelle est tombée lundi : l'objectif de réduction de l'utilisation de pesticides a encore été repoussé par la France. C'est un manque criant d'ambition pour le changement de notre modèle agricole. La raison de ce report, selon vous ? Le temps de trouver des alternatives. Mais les alternatives sont déjà là, monsieur le ministre. Elles ne demandent plus qu'à être soutenues. Le budget 2024 n'en prend pas le chemin. D'un côté, vous ajoutez 250 millions au budget de l'agriculture pour soutenir les agriculteurs en difficulté et faire face aux calamités ; de l'autre, vous sous-financez l'agriculture bio et les mesures agroenvironnementales et climatiques.
Au cœur de cette contradiction, ce sont bien deux modèles agricoles qui s'affrontent : d'un côté, le rouleau compresseur de l'agro-industrie, de plus en plus numérisée, dépendante des phytos, qui nourrit moins les hommes que les animaux et épuise les sols ; de l'autre, l'agriculture paysanne et résiliente qui nourrit encore, à l'échelle mondiale, 70 % de la population, qui préserve les communs, crée des emplois – en moyenne deux fois plus pour l'agriculture bio – et favorise une alimentation locale et de qualité.
Beaucoup ont indiqué, pendant les débats en commission, qu'il ne fallait pas opposer ces deux modèles agricoles mais qu'il fallait les soutenir tous les deux, dans une sorte de « en même temps » agricole.